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Chapelier Fou, la musique comme exploration des possibles

De sa formation classique à son coup de foudre pour la musique électronique, Chapelier Fou s'est toujours tenu loin de la facilité et de l'artificiel, auxquels il préfère l'expérimentation et l'audace. Sa musique est ludique, laissée libre aux interprétations, à la sensibilité des oreilles qui s'y penchent. Après de nombreux albums où règnent les ordinateurs et les samplers, il opère cette année un retour aux sources avec la formation d'un septuor 100% acoustique : Ensemb7e. Avant un concert à Bordeaux le 4 février, et la sortie d'un album le 18, Chapelier fou répond à nos questions

©Romain Gamba

Est ce que tu peux te présenter rapidement pour nos lectrices et lecteurs qui ne te connaîtraient pas encore ?

Je m'appelle Louis Warynski, je fais de la musique depuis... depuis tout le temps en fait. J'ai sorti mon premier disque sous le nom de Chapelier fou il y a 14 ans. Je fais de la musique électronique et plein d'autres choses.

Je cherche pas forcément à tisser des liens entre mon nom de scène et la musique que je fais

Ton nom de scène évoque un certain imaginaire enfantin, que tu intégrais dans tes premiers sons électro en samplant des phrases du chapelier fou. L'univers des contes, du merveilleux, c'est une inspiration forte pour toi ?

Non pas du tout ! Alice au pays des merveilles oui, mais c'est un cas bien particulier venu de mon adolescence. Je cherche pas forcément à tisser des liens entre mon nom de scène et la musique que je fais, c'était là au départ puis ça s'est petit à petit distendu naturellement .

© Ben Pi

En regardant l'historique de tes tournées, on voit que tu bouges pas mal, tu ne t'es jamais vraiment limité à la France. Cette ambiance de vadrouille et de voyage, ça a un impact sur la musique que tu composes?

De manière isolée sur certains morceaux ça peut avoir un impact, parce que je me déplace rarement sans mon enregistreur, il me permet de ramener des souvenirs sonores. Mais pour moi la musique se fait en studio, je vois cette pièce comme une extension de mon cerveau et lieu principal de création. Je préfère voir l'inspiration comme quelque chose de magique et mystérieux qui vient de l'intime, plutôt que comme une imitation des événements de la vie, de ce que je peux voir à l'extérieur. Quand on essaye d'évoquer quelque chose en particulier, ça peut vite sonner faux et je ne veux pas être dans cette démarche, qu'on peut parfois retrouver dans la world music, et la musique de voyage. Je ne m'identifie pas aux artistes électro qui ont besoin de voyager pour que leur musique invite au voyage, j'essaye au maximum de rester dans l'élan intérieur, loin du démonstratif, de l'artificiel.


Le 18 Février sort le premier album d'Ensemb7e. En 2020 tu sortais un double album solo, Méridiens et Parallèles. Le secret d'une telle productivité ?

Ce qui est drôle c'est qu'en 2020 j'avais l'impression de ne pas être très productif, et c'est en faisant le bilan que j'ai vu que j'avais de quoi sortir un double album. Et en plus, ce que les gens ne voient pas, c'est que pour un morceau qui sort y'en a au moins dix à la poubelle. Ça peut paraître beaucoup mais c'est rien par rapport à tous les morceaux qu'on entendra jamais. C'est ma manière de travailler.

Tu as commencé la musique par l'acoustique, mais c'est derrière les platines qu'une grande partie de ton public t'as connu. Comment la découverte et la pratique de l'électro a-t-elle influencé ton rapport présent à la création ?

Même si j'ai tendance à considérer la musique comme un grand tout sans frontières, il faut reconnaître que l'électronique amène avec elle des outils particuliers, des manières de créer assez propres à elle. Et maintenant, j'aime beaucoup réinjecter ces pratiques dans l'écriture plus classique. Lorsque je compose aujourd'hui j'utilise par exemple l'aléatoire pour finir la mélodie, ou encore une conception plus algorithmique du déroulement des choses.

J'adore la liberté qu'apporte l'acoustique, être juste avec son instrument, qui ne peut pas tomber en panne. Le fait qu'il n'y ait pas besoin d'électricité me plaît aussi ...

Avec Ensemb7e, tu mets l'électronique de côté pour revenir à l’acoustique. Comment t'es venue cette envie de retour aux sources?

Il y a une certaine somme de raisons. Tout d'abord comme tu l'as dit, j'ai été formé à la musique de chambre au conservatoire quand j'étais plus jeune, et c'était vraiment ce qui me plaisait le plus. J'avais envie de retrouver cette ambiance. Il y a quelques années j'ai eu l'occasion de jouer tout l'album Nuances avec l'orchestre national de Metz. J'ai trouvé ça à la fois très cool et un peu trop vaste, trop gros pour moi. C'est pas moi qui ai écrit les partitions parce que ça me dépassait un peu, et ça c'était frustrant. Ensemb7e c'est un projet à taille humaine, qui me permet de vraiment mettre les mains dans le cambouis, et faire les arrangements moi-même. Et c'est vraiment la formation parfaite pour moi, parce qu'on est quand même 7, il y a de l'ampleur, mais le projet ne me dépasse pas pour autant, il est en adéquation avec mes compétences et le type de son que je recherche depuis longtemps. J'avais aussi l'envie d'avoir quelque chose complètement dégagé de la technologie, ça me fait du bien. Les ordinateurs et les synthétiseurs ont beau être une passion pour moi, c'est quand même une somme d'emmerdes inimaginable. J'adore la liberté qu'apporte l'acoustique, être juste avec son instrument, qui ne peut pas tomber en panne. Le fait qu'il n'y ait pas besoin d'électricité me plaît aussi, je crois que j'ai comme beaucoup de gens pas mal d'angoisses apocalyptiques, et je trouve ça assez rassurant de pouvoir faire de la musique sans électricité.

© Bart Heemskerk

Comment as tu rencontré les six autres membres d'Ensemb7e ?

Nous sommes quatre cordes, un pianiste, un batteur, et un clarinettiste. Quasi tous les membres du septuor sont des vieux copains, dont certains avec qui j'ai déjà tourné précédemment, ou rencontré lors de mes études. D'autres ont été rencontrés plus récemment, par connaissances communes. Le pianiste est plus connu pour son travail de graphiste et d'artiste, puisque c'est lui qui a réalisé la plupart de mes clips et pochettes d'album. Tout ça forme une bande de copains qui fonctionne vraiment bien.

La tournée me laisse pas mal de liberté d'esprit et de sérénité, ne pas tourner solo ça me permet de réinventer toute la facette électro.

Cette année 2022 commence pour toi sur des chapeaux de roues, avec une tournée et un album. Que pouvons nous te souhaiter d'autre en guise de mot de la fin ?

L'année telle que je la rêve, c'est tourner beaucoup avec ensemb7e. La tournée c'est un délire de l'instant, faut être là, présent quand on est sur scène. Tout arranger et enregistrer un disque en si peu de temps ça a été très intense, j'espère qu'on va pouvoir récolter les fruits de notre travail, surfer sur la vague qu'on s'est créé. Et parallèlement je veux pouvoir expérimenter chez moi, en ce moment j'ai un gros désir d'électronique et je veux continuer à explorer ce côté là. La tournée me laisse pas mal de liberté d'esprit et de sérénité, ne pas tourner solo ça me permet de réinventer toute la facette électro. J'espère avoir le temps d'expérimenter pour revenir après avec quelque chose de radical, de nouveau.


Alors c'est tout ce qu'on te souhaite ! Merci de nous avoir accordé ce moment, on a hâte de te voir sur scène et d'entendre l'album !

Merci à vous, à bientôt !

Chapelier fou sera sur la scène du Rocher de Palmer avec Ensemb7e le 4 février 2022.

Réservations et renseignements sur lerocherdepalmer.fr.

Retrouvez toutes les autres dates de la tournée sur son site officiel chapelierfoumusic.com .


 

Léa Kuratlé-Simon I 04.02.22

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