1 an après la sortie de "Au Baccara" qui avait reçu d'excellentes critiques de la part de nombreux médias, nous avons pu papoter avec les bordelais de Odezenne en plein milieu de leur tournée jusqu'à fin 2019.
Jaco nous a parlé de leur dernier EP: POUCHKINE sorti le 13 septembre dernier, de leurs futurs projets et de poésie.
Vous venez de sortir un nouvel EP le 13 septembre dernier : Pouchkine soit 1 an après votre dernier album "Au Baccara". Pouvez-vous me parler des thèmes de l’album, pourquoi ce nom là, et me parler aussi du visuel ?
Concernant le visuel, il s’agit d'Edouard Nardon. Il a fait presque tous nos visuels, que ce soient les pochettes, les livrets …
Pour les thématiques de notre album, nous n’en n’avons pas vraiment. C’est un EP que je trouve assez équilibré dans le sens où il y a de la lumière, un peu d’obscurité mais toujours dans cet esprit de dualité. C’est pour cela que nous l’avons appelé Pouchkine.
De plus, il y a deux visions de l’amour dans un de nos morceaux. Cela parle d’amour blessant et d’amour blessé. Il y a toujours cette atmosphère de dualité tout au long du disque. À l’origine, Pouchkine est un poète qui est mort il y a 220 ans d’une manière un peu pathétique. C’était un mec qui courrait les jupons et il est tombé amoureux d’une fille. Cette même dame l’a trompé avec un autre homme (le fils d’un grand général russe). Pouchkine a décidé de défier le général et il est mort au combat. Tout est autour de ce thème de dualité.
Vous avez mixé cet EP à Konk, le même studio des Kinks à Londres, pouvez-vous me parler de cette expérience incroyable ?
Nous sommes restés une dizaine de jours là-bas pour mixer notre EP comme à l’ancienne. Nous voulions absolument la profondeur des sons, une sonorité qui colle avec le matos de Mattia. C’est un studio qui utilise des machines qui ont la même époque que son matériel.
De plus, c’est toujours super classe de faire sonner ton disque à Londres ! On a bossé de 7h du matin à 2h du matin à fond. C'était fatiguant mais incroyable.
Dans beaucoup de vos musiques, vous parlez d’amour et plus particulièrement de déception amoureuse comme dans les titres : Méli-mélo, Salope d’amour, Le plus beau cul du monde ? C’est quelque chose de vécu, une expérience propre ou bien quelque chose de fictif ?
Il y a toujours une part de notre vie là-dedans. C’est quelque chose de réel. Par exemple, quand j’ai écrit le titre Taxi, j’habitais à Paris et je traînais pas mal dans la rue la nuit. J’observais pas mal les gens et l’activité urbaine. J'ai donc retranscrit ce que je voyais. Salope d’amour, ça parle de plein de filles que nous avons rencontrés au milieu de notre vie. Dans Pouchkine, c’est aussi la même chose.
Maintenant, cela fait 11 ans que je suis avec une meuf et c’est aussi à elle que je parle quand je relate l'amour dans nos textes.
Vos paroles sont très poétiques avec en même temps un côté un peu cru comme le titre Je veux te baiser. Quelles sont vos influences dans la poésie ? Je vois un peu du Bukowski pour ma part.
En effet, Bukowski est un peu une influence mais après, il y a pas mal d’autres gens qui nous inspirent : des écrivains, des musiciens, des films, des peintres, des sculpteurs … Même la vie nous inspire.
Après pour le côté cru, je ne suis pas trop d’accord. Un titre comme Je veux te baiser, c’est une histoire d’amour, c’est romantique. C’est le principe d’un poème en miroir sur le thème de la route sentimentale imagée par la voiture. Le terme " baiser " c’est plus un sentiment d’attirance intense envers la personne opposée.
Quels sont vos meilleurs souvenirs dans votre carrière ?
On n'a pas forcément un souvenir en particulier. Depuis plusieurs années, nous avons un public incroyable. Les concerts sont toujours à trois : le groupe, le public et les gens qui nous accueillent. Nous sommes tous concernés par ce moment qui dure de 1h à 2h. C’est toujours une grosse fête. On a joué à Montauban samedi dernier, c’était incroyable, à Biarritz aussi, à Grenoble aussi ! Le public est hyper réceptif. Du coup, on a toujours envie de faire les choses bien. Je n’ai donc pas de meilleurs souvenirs car tous nos moments de concerts sont fous ! C’est un privilège pour nous de faire de la musique et de la partager.
Vous mettez pas mal votre public au centre de votre communication et de votre carrière, pouvez-vous m’en parler ?
Ouais, en effet. On a invité le public dans une maison au bord de l’océan. À la base, c’était notre lieu de répétition pour l’album Au Bacarra. Il y avait beaucoup de places, du coup, on a décidé de faire un mini-concert privé. On a loué deux bus et on a tiré 300 personnes au sort. C’était incroyable ! Nous essayons de bousculer les méthodes habituelles de booking et on a créé un concept participatif baptisé Odezenne à la demande. Nos fans sont invités à se mobiliser dans des groupes dédiés et à choisir les villes où ils veulent que nous nous produisons !
Quels sont vos futurs projets ?
On a notre tournée actuelle. On a aussi enregistré quelques sons donc peut être qu’il y aura un nouvel album. On a aussi le Zénith qui sera la seule date de 2020.
De plus, on a acheté un lieu à Bordeaux où on a comme projet de faire une résidence d’artistes avec des expos, un studio d’enregistrement, des chambres pour faire venir des groupes mais aussi pour nous occuper de notre label en faisant des collaborations avec d'autres groupes. Après, on a d’autres projets mais je ne peux pas trop t’en parler aujourd'hui...
Pouvez-vous me parler de vos clips vidéos qui sont souvent très recherchés ?
Depuis Au Baccara, c’est Alix qui est à la réalisation avec Adrien Benoliel. Il y a aussi Marine Dricot qui réalise nos clips. À la base, on a écrit une espèce de feuille de route. Souvent, les réalisateurs font un mini film sur ta chanson. Nous, on préfère que l’image accompagne notre son. Nous ne voulons pas de jeu d’acteurs, pas de déguisement. On veut un truc plus nature, plus vrai !
Odezenne, c'est 4 albums, 2 EP, 3 membres et plus de 20 millions de vues sur Youtube. C'est aussi une carrière de plus de 10 ans sous un spectre musical bien à eux.
Avec le trio bordelais, on se sent proche, on se sent compris. Un titre de Odezenne, c'est un peu le pote avec qui tu peux parler rupture amoureuse, avec qui tu peux radoter de tes failles et du véritable amour. C'est cet ami avec qui tu peux bavarder de Bukowski, de Artaud et de spleen. Odezenne, c'est une incitation à croire au romantisme moderne. Une espèce de proclamation à l'amour tranchant, mordant et séducteur. Si des milliers de fans se déplacent à leurs concerts, on a toujours cette impression de passer un moment à huit clos. Un débat, une entrevue sur un canapé en velours vert à se dire " Mais moi aussi j'ai vécu ça mec ! "
Nicolas Jolfre I 18/10/2019
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