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FLIPPIN’ FREAKS, le collectif qui dépoussière les caves bordelaises

Lumière, projecteur et lampe torche sur ce nouveau collectif ! Dans la douceur d’un soir d’été, Feather a rencontré plusieurs membres du collectif d’artistes bordelais Flippin’ Freaks venus nous parler de leurs actus, de leurs projets et de leurs ambitions.

Siz, Alexis, Louis et Thoineau ont accepté de nous révéler quelques infos croustillantes sur le label et sur ses artistes. Un échange à base de grosses exclus et de révélations ! Où l’on apprend notamment que Siz joue à Pokémon Crystal sur son téléphone pendant les sessions d’enregistrement. Du lourd en perspective.


Membres Flippin' Freaks

Tout d’abord, il est important de situer Flippin’ Freaks dans le paysage musical bordelais. Le Flippin’, c’est un label à double facette, qui organise des soirées et des concerts pour promouvoir la musique garage/rock à Bordeaux la nuit, et qui sort des disques le jour. Dans son écurie, le Flippin’ compte plusieurs groupes très qualitatifs composés de musiciens du label, mais aussi des groupes indé qui ont intégré le label parce qu’ils sont cool, rock et doués. Et bordelais. Un petit florilège vous attend en deuxième partie de cet article, après une présentation du collectif.


C’est en 2015 que Louis, Thoineau et Alexis créent le fanzine Flippin’ Freaks pour parler de la scène noise/shoegaze/grunge/rock bordelaise. A l’époque vaguement musiciens, radicalement passionnés, cette bande de potes des années collège instaurent ainsi les prémisses de ce que sera plus tard le label Flippin Freaks, en faisant la promotion de la fine fleur de la musique garage du Sud-ouest sur des bouts de papier. Après une pause de 2 ans et un passage à Toulouse d’où ils ramènent Rafael, guitariste de TH Da Freak entre autre, les joyeux compères affichent de nouvelles ambitions sur Bordeaux. Leur objectif : fédérer les acteurs de la scène rock et garage bordelaise, les faire se rencontrer, s’entraider, et surtout s’aimer très fort. Pour cela, ils reprennent en main le collectif Flippin’ Freaks, en font un label, un organisateur d’événements, et montent des groupes en parallèle de tout ça.

Cette vision un brin idéaliste du monde de la musique rock les amène à promouvoir régulièrement des artistes émergents et à leur permettre de jouer dans les principales salles/caves bordelaises qu’ils connaissent bien. A Bordeaux, il est indéniable que les nouveaux groupes attisent la curiosité et l’intérêt des musicos, ce qui est en parfaite adéquation avec les ambitions du label. On sent au sein du Flippin’ Freaks une véritable volonté de rendre accessible la musique garage au plus grand nombre, et de permettre à ceux qui en font de sortir de leur chambre et d’avoir droit à une vraie exposition sur scène.


Redonner aux gens l’envie de venir dans des caves et leur permettre de se défouler en écoutant du rock sale. Louis.


@Titouan Massé Photography

Aujourd’hui, le collectif peut se targuer de réunir une quinzaine de personnes, entre membres de l’organisation et membres des groupes, et de conserver le même fil conducteur qu’à ses débuts. De l’entraide, de la bienveillance, du rock et de la déglingue, le tout saupoudré d’une épaisse couche de love. Côté influences, les membres du Flippin’ semblent vouer un culte tout particulier à Ty Segall et à Nirvana, même s’ils soulignent que de nombreuses influences diverses et variées viennent agrémenter les univers de chaque groupe. Des groupes d’ailleurs, le label en a vu émerger pas mal depuis ses débuts. Quand on parle à Siz, Alexis, Thoineau et Louis de la création de leurs groupes respectifs, ils se remémorent les nombreuses colocs les uns avec les autres, à base d’abondants projets, élans créatifs, compos, enregistrements, collaborations plus ou moins vouées au succès. C’est peut-être de là que tout part, d’un « délire de chambre » comme aime à l’appeler Siz : dans l’intimité d’une chambre, chacun exprime son univers, et c’est de là que le projet puis le groupe se créé. Plusieurs membres du Flippin’ Freaks ont donc monté un groupe dans leur appart ou dans celui d’un pote, nourri par leur univers, leurs influences et leur personnalité. Les autres musiciens suivent le mouvement et/ou proposent quelques arrangements live par la suite pour donner vie au groupe sur scène. Il est quasi certain de voir les membres du collectif présents sur une multitude de projets différents. Multi-instrumentalistes, touche-à-tout et multitâches (en plus de leurs groupes, Alexis s’occupe par exemple de la programmation des concerts, Louis est graphiste et Siz et Thoineau gèrent le label et les sorties de disques), chacun apporte sa contribution et sa pierre à l’édifice. Pas de délire studio donc, mais un bon délire productif entre potes.


Ce qui est cool quand tu es dans ta chambre c’est que tu peux faire toi-même tes prises à 4h du mat quand t’arrives pas à dormir et que tout va mal dans ta vie, là il se passe des choses en toi qui ne peuvent pas se passer dans un studio froid. Alexis.


Pour ce qui est de l’organisation d’évènements, le collectif se débrouille plutôt pas mal et a évidemment ses passe-droits dans toutes les meilleures salles rock de Bordeaux. De leur première orga au feu Capharnaüm devant une foule en délire d’au moins 20 personnes dans 9m2, aux 2 récentes éditions du Flippin’ Fest, le Flippin’ Freaks prend du galon au fil des années. Encore l’année dernière, le Flippin’ Fest accueillait des groupes de la France entière et d’Allemagne aux côtés des groupes locaux du label pour 4 soirs de fête dans 5 salles différentes. « On passait nos journées à trimballer du matos, nos soirées à jouer, et nos nuits à faire la fête, on dormait jamais chez nous, on était vraiment comme une tribu, une famille. » Un souvenir qui semble avoir beaucoup marqué Alexis et les autres membres du label, et qui leur fait petit à petit prendre conscience que les gens les aiment. Pour la soirée de lancement du label au Void en février dernier, des gens venaient carrément de Perpignan ou encore de St Nazaire… Un signe que leurs actions touchent de nombreux aficionados de musique garage à travers la France, et qu’il ne faut surtout pas s’arrêter en si bon chemin !


On fait pas pas ça pour la thune, on fait ça pour faire la fête, pour l’amour du rock.

Thoineau.



Voici venu le temps des projets, que les membres du Flippin’ ont accepté de nous dévoiler en exclusivité ! La rentrée va être chargée : de nombreux concerts organisés par le collectif sont à venir dans les prochains mois, et ce n’est qu’un début. Groupes du crew Flippin’ ou groupes guests exceptionnels, la programmation est léchée et promet de belles découvertes :

Retrouvez toutes les infos et les actualités du Flippin’ Freaks sur leur page Facebook, et surtout écoutez toutes leurs musiques sur Bandcamp ou Youtube et achetez plein de cds / cassettes / vinyles sur leur site e-commerce parce que ce sont des mecs en or.


Après une brève apparition de Jojo du Wunderbar (la famille), la conversation continue plus en détails sur les différents groupes du label, des pépites rock, en espérant donner envie de les découvrir plus amplement sur scène ou sur les internets.


Thoineau a failli éliminer son frère Sylvain aka Siz à la naissance, et ça aurait quand même été dommage. Nous n’aurions pas pu profiter de son 1er album Liquid, sorti en mai dernier, subtil mélange de garage, shoegaze et post grunge. Siz cite succinctement (à répéter plusieurs fois) Ty Segall, My Bloody Valentine et Nirvana comme influences phares de son projet. Un projet basé sur Sylvain et son univers donc, où l’on retrouve également Thoineau et Julien de TH Da Freak. Attention scoop : une tournée mondiale de 3 semaines (en France et en Suisse) avec Lingua Nada est prévue pour octobre.



Siz c’est aussi un mec altruiste qu’on retrouvera en 2020 sur pas mal d’albums et de projets du label (Courtney & the Wolves, TH Da Freak, et surement bien d’autres). Celui qui est surnommé Schizophrenic boy au sein du Flippin’ semble effectivement avoir plusieurs personnalités tant les projets abondent et les idées fourmillent. Il nous souffle qu’un 2 titres devrait faire son apparition prochainement. Il contiendra des chansons inédites qui auraient dû figurer sur l’album Liquid mais qui étaient selon lui trop mainstream et qui méritaient une attention particulière. On devrait encore voir sa chevelure orange feu s’agiter un bon moment.


A l’origine de Courtney and the Wolves, on retrouve Louis, inconditionnel fan de Nirvana. Encore discret sur son projet, il annonce néanmoins la sortie de son 1er album en mars 2020. On y retrouvera Thoineau à la basse, Siz à la batterie et Mamat à la guitare. Pour nous faire patienter, un single sortira mi-novembre, avec une tournée prévue à la sortie de l’album.


Téhache ou Tihètche (pour les plus bilingues d’entre nous) Da Freak est le projet de Thoineau, accompagné de son frère Siz, de Julien, Rafael et Benjamin. Ce grand fan d’Age of Empire vient à peine de finir l’enregistrement de son prochain disque même si la date de sortie n’a pas encore été annoncée. TH Da Freak continue actuellement sa tournée dans toute la France pour promouvoir son album Freakenstein, sorti en mars dernier, qui l’a définitivement installé dans le paysage garage/ lo-fi / grunge / underground français.

De nombreuses dates de tournée sont prévues, à suivre sur sa page Facebook.



Alexis a lui aussi des milliers d’idées, et ce n’est pas son cursus en lettres modernes qui a freiné sa frénésie créative. Bien au contraire. Après un album enregistré en 1 semaine dans sa chambre avec Hugo, son talentueux acolyte rencontré sur la toile, sous le pseudo Opinion, Alexis se consacre désormais corps et âme à son projet le plus intimiste et personnel, Wet DyeDream. Son album Scramble sorti en avril dernier délivre une dream pop éclatante qui se distingue des autres albums du label par son côté planant, presque apaisant, que l’on retrouve notamment chez ses inspirateurs Eliott Smith, Sparklehorse ou encore DIIV. Treize membres en seulement deux ans ont participé au projet d’Alexis, et pourtant la fougue et l’envie du jeune songwriter sont toujours intactes, lui qui reste la tête bien pensante du groupe. D’autant plus que dès la sortie de Scramble, un label l’a sollicité pour sortir des cassettes.



Les projets ne s’arrêtent évidemment pas là. Insatiable créatif, Alexis nous parle de l’enregistrement prochain d’un EP « psyché, planant, répétitif mais fuzzy, tendre mais pourtant saisissant » avec le groupe au complet, puis de l’enregistrement d’un album avec le grand producteur bordelais Stéphane Gillet.

Le teasing est plutôt alléchant : « l’album sera principalement sur moi, avec des chansons sur le fait de grandir, de voir le monde s’écrouler quand on quitte l’adolescence à 25 ans » (sa thèse sur la « fuite » est disponible sur son Skyblog). « Il sera très rock, et toujours psyché, on enlève le chorus et la guitare folk et c’est parti pour les pogos ». Bon, on va quand même devoir être patient car il ne sortira pas avant 2020

En attendant, Wet DyeDream sera régulièrement sur scène à Bordeaux pour partager son univers psyché en live.

Quand on vous disait qu’Alexis était productif… Voici un autre de ses projets, enfin son 1er projet qu'il a commencé il y a plus de 3 ans, notamment sur scène. Le groupe a marqué les débuts du collectif Flippin’ Freaks par ses performances scéniques noisy dans les caves bordelaises. De ces performances live découlera un enregistrement, qui aboutira lui-même sur un album… Un jour. L’album est déjà enregistré depuis belle lurette, mais à la suite de la séparation du groupe, la sortie a été un peu retardée. L’album est quand même prévu pour la fin d’année 2019, et il sera (en toute objectivité) « grand ».


Social Boukkake est sans doute le groupe le plus barré et le plus indéfinissable du label. Alexis et Louis ont commencé ce projet il y a 1 an, et partagent l’affiche avec Lucas et Lucas. Enfin un groupe sans leader, ou chacun amène ses idées, ses compos et ses délires. Leur objectif : être programmé en toute fin de soirée, au moment où les esprits sont échauffés et où tout commence à être permis. Leur attribuer un style est un exercice difficile. Pour Louis, Social Boukkake c’est « un état d’esprit punk avec l’envie de faire danser et de faire s’entrechoquer les gens ». Alexis voit ça comme « les Happy Mondays qui font une rave party avec les Butthole Surfers et qui prennent du poppers toute la nuit ». On appellera ça du freestyle festif, mais surtout un groupe en devenir au sein du label qu’il faut voir sur scène de toute urgence.


Voici la dernière recrue du Flippin’ Freaks, et pas des moindres. Cosmopaark cherchait un label rock sur Bordeaux et bingo, ils ont frappé à la bonne porte. Leur énergie et leur cool attitude ont séduit Louis, Alexis, Thoineau et Siz qui les ont accueillis sur leur label avec beaucoup d’enthousiasme. C’est en réalité le 1er groupe signé sur le label qui ne faisait pas partie à la base de la grande famille Flippin’ Freaks. Aujourd’hui complètement intégrés, ils ont sorti un 1er EP Sunflower en mars dernier et ont même eu l’opportunité de faire un set au grand festival Lollapalooza à Paris. Tout roule pour ces « mecs en or » que le label a vraiment envie de développer et de mettre en lumière.



On en place une pour le groupe de Rafael (guitariste de TH Da Freak si vous n’avez pas suivi) qui a aussi sorti un chouette EP nommé Deado.



Le collectif Flippin’ Freaks a su en l’espace de quelques années se faire une belle petite réputation dans le milieu rock bordelais et français. Les événements et les albums à venir promettent encore quelques bonnes secousses dans les caves de Bordeaux et de Navarre. Espérons que leur détermination à promouvoir la musique garage en France ne s’éteigne pas de si tôt et qu’elle vienne prouver que le rock français n’est pas mort avec Johnny, loin de là.

Le premier événement de la rentrée sera à La Voûte le 7 septembre !



Un grand merci à Sylvain, Alexis, Louis et Thoineau qui œuvrent pour la promotion de la musique indé dans le Bordeaux underground.


 

Lauren Georges | 24.08.2019

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