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Gaétan Nonchalant: un mélange entre poésie et fraîcheur

Dernière mise à jour : 27 mai 2020

"Tout ça pour ça" est le premier EP de Gaétan Nonchalant sortie le 1er mai 2020 pour la fête du travail sur les plateformes et réseaux sociaux. Ce garçon au physique angélique est né d'un voyage au Japon. Amoureux de la musique, celui-ci nous dévoile à travers ses textes un antidote aux angoisses du monde contemporain et à la condition humaine. C'est avec un immense plaisir que Feather a rencontré un homme sincère, simple et au grand coeur afin d'en savoir plus sur son parcours et son premier EP.

© Martin Schrepel

Bonjour Gaétan, pour ceux et celles qui ne vous connaissent pas, pouvez-vous vous présenter et savoir qui se cache derrière ce physique à la Francis Cabrel ?

Bonjour ! Merci pour cette excellente référence. Francis Cabrel, type énorme, auteur de dizaines de chefs d’oeuvre, il est toujours resté fidèle à lui même, rien à prouver à personne. Il vit dans son village natale avec sa famille et continue d’écrire des chansons. Engagé, humble, belle personne, peu de gens chante l’amour comme lui. Je suis chansonnier aussi et c’est le genre de vie que je voudrais m’offrir.


Vendredi 1er mai pour la fête du travail vous avez sorti votre premier single « Gagner son pain » de l’EP « Tout ça pour ça » pouvez-vous nous en parler ?

Gagner son pain, c’est le morceau le plus récent du disque, je l’ai composé l’été dernier. Il vient clôturer le cheminement de ces trois quatre dernières années où je me suis lancé corps et âme dans la musique, au retour d’un voyage de plus d’un an au Japon à mes 20 ans. C’est là bas que j’ai décidé de faire de la musique ma vie, que j’ai fait mes premiers concerts et sorti un premier disque, sorte de balbutiement. La musique que je faisais là-bas était beaucoup plus électronique, expérimentale ça marchait bien dans la scène où j’évoluais à Tokyo et Hokkaido mais je voulais m’exprimer, raconter des choses, être compris plus profondément. Je me suis alors mis à la chanson en français. Et au bout d’un moment, je me suis dit que ça avait plus de sens pour moi de découvrir Paris et d’y tenter ma chance. "Tout ça pour ça" est l’aboutissement de tout ça. Mes premières années de musicien n’ont pas été faciles, j’ai fait de la restauration, j’ai été gardien de musée, déchargé des camions la nuit en Seine Saint Denis avec des armoires à glaces.. "Gagner son Pain" parle de ça, la condition humaine. Je souhaite si fort que tout le monde puisse tirer son épingle du jeu et trouver du plaisir et un sens dans le travail.

© Martin Schrepel

En écoutant votre morceau pour la première fois, j’ai été séduite par la fragilité de votre voix et le choix de vos mots et j’ai eu l’impression d’entendre un mélange savant entre Alain Souchon et Laurent Voulzy, est-ce des artistes qui vous inspirent pour créer ?

C’est très aimable à vous. J’ai beaucoup d’affection pour ces deux personnes comme pour Francis Cabrel. Mais ce sont des gens que je n’ai pas beaucoup écouté finalement. Je connais mal en fait mais je suis convaincu qu’il y aura un temps dans ma vie où je plongerai dans leur discographie. C’est ça qui est fantastique avec la musique, ce n’est jamais fini.. De Souchon, je connais quand même bien le disque "Jamais Content" que j’ai en vinyle, il est super notamment "Allo Maman Bobo" et "Ya dla rumba dans l’air". Et de Voulzy, son album le "Cœur Grenadine" que j’ai aussi, avec la chanson titre de l’album ou encore la perle "Cocktail chez mademoiselle". Et cette pochette magnifique... Cette classe. Je me suis inspiré de cette pochette pour la mienne, que Martin Schrepel a réalisé. Après, il n’est pas du tout impossible que simplement ces deux albums et les chansons que j’ai entendu à la radio enfants m’aient bercé et influencé. En fait, avant je trouvais la chanson française ringarde et je suis arrivé dedans assez tardivement au lycée grâce au disque de rock progressif de Nino Ferrer, Christophe et le rock absurde de Bashung. Puis j’ai repoussé toutes mes barrières et compris l’immense talent de Michel Berger, Veronique Sanson, Louis Chedid... J’étais bêtement bloqué par leur posture vocale que j’aime tant aujourd’hui. Je suis bien loin d’avoir fait le tour des génies de la musique française.


J’ai vu également que les paroles et la musique étaient de vous, pouvez-vous nous raconter comment se passe une journée de composition ?

Il n’y a pas de journée de composition ou alors elles le sont toutes. Je ne me suis jamais dit "aller j’écris un morceau", ça ne marcherait pas. 98% des chansons que j’ai gardé sont nées en 5 minutes. En fait, elles ne naissent pas, elles sont comme déjà la. Tout à coup ça sort, j’ai à peine le temps de sortir mon téléphone pour lancer un mémo vocal et capter la mélodie et le texte. Si je le fais pas dans l’instant c’est perdu à jamais. Ce truc arrive presque tous les jours, j’essaye de rester disponible pour ces moments. Si le truc est incomplet qu’il me manque un couplet souvent ça partira à la poubelle parce que je déteste revenir sur un premier jet, je ne me sens pas légitime. Il faut que tout vienne d’un bloc en 5 minutes sinon ça marche pas, j’ai l’impression de ne pas être responsable de la création, j’essaye de m’effacer, de l’accueillir, je n’ai rien à dire dessus. Souvent d’ailleurs, je ne comprend pas tout de suite de quoi parle la chanson qui vient d’apparaitre et le texte prend un sens prophétique 5 ans plus tard.. J’ai des dizaines d’exemples comme ça, effarant. Ce moment, ces expériences, c’est ce qui me prouve que la vie est magique entre autres.

© Martin Schrepel

Comment "Gagner son pain" a vu le jour ?

Gagner son pain a vu le jour comme ça, entre deux petits boulots je potassais une humeur nouvelle, une sorte de foudroiement. Comment était-ce possible qu’après tant de milliers d’années de recherche on n’ait toujours pas trouvé le moyen de ne pas travailler ? J’arrosais mes pieds de tomate pour me calmer, l’odeur, l’humidité, j’ai senti qu’il se passait quelque chose. J’ai pris ma guitare classique et je l’ai chanté. Mon téléphone enregistrait, c’était là. Pour être honnête, je viens de réécouter le mémo, il durait 15 minutes, il y a 5 minutes de yaourt anglais très sombre, puis le texte en français tel quel, aucune modification, à part une phrase sur le couplet trois."


Quel est votre rapport avec la musique ?

Ma musique a toujours été quelque chose de sacrée et d’irrationnelle pour moi, je me suis senti longtemps de la protéger et de ne faire rentrer personne dans cette histoire. J’avais peur et c’était tellement accidentel pour moi de créer que je ne pouvais pas l’expliquer, le diriger. Je n’ai jamais appris la musique non plus, je n’ai aucune idée de ce que je fais et je ne souhaite pas l’apprendre, j’aurais trop peur de perdre la magie. Mais il y a eu un cheminement, des jams avec des frères où la communion se fait. Je cherchais des retours, des appréciations sur mes chansons auprès de ceux la (Nicolas Wardzinski, Benjamin Canva, Come Ranjard, Cyprien et Nicolas mes frères de sang). Je me suis ouvert petit à petit avec eux.


Pour l’enregistrement de vos sons avez-vous travaillé en équipe ? Cela s’est bien passé ?

Pour l’enregistrement j’ai eu la chance de rencontrer très tôt Robin Leduc, réalisateur et arrangeur de disque qui a un studio mythique à Gare de l’Est. C’est mon ami Théo de Whyte Sands qui nous a présenté. A l’époque j’envoyais à Robin tout ce que je faisais c’était hyper free, lo-fi et bizarre. Pourtant il a su y voir quelque chose et m’a proposé de venir à son studio. J’ai beaucoup de chance d’avoir eu cette expérience très jeune ça m’a énormément appris. Le studio n’a pas été facile au début, chanter devant quelqu’un, partager une vision sur un morceau. J’étais très intimidé aussi et encore très jeune et punk dans la démarche je devais être insupportable, il y a des choses que je ne comprenais pas. On a fait notre chemin avec Robin, testé différentes formules qui font ce disque. Cela m’a fait faire un bond de géant. Robin m’a aussi fait découvrir Pierre Vassiliu, qui est devenu une énorme référence pour moi. Et d’une certaine manière le fait qu’il s’intéresse à moi a beaucoup joué à l’époque dans la considération que je portais à mes chansons.


Et sur l'album "Tout ça pour ça" ?

Sur le disque il y a d’excellents musiciens, Thomas Subiranin à la basse sur C’est la Vie et Oasis Digital, Arthur Albaz la batterie de C’est la Vie, Alexandre Grolée la batterie de Genki, mon frère Cyprien Vandenbussche le Saxophone de C’est la Vie, Louise Lhermitte au violon sur "Gagner son pain", Cyrus Horde des claviers sur Oasis Digital et bien sur Robin Leduc la batterie et la basse d’Aquarium et La Berezina et presque tout les arrangements d’Oasis Digital. Ensuite il y a les réalisateurs des clips, qui sont tous des amis rencontrés au fil de années. Leopold Breakmydays rencontré sur une plage en bretagne il y a 9 ans, Victor Halfen avec qui je faisais de la musique au Lycée, et Martin Schrepel que j’ai rencontré en soirée chez son Frère Leo Schrepel et pour qui j’ai travaillé sur la musique de ces films (Harmonie des sens, la muse). Chacun ont marqué visuellement mes morceaux de leur talent et savoir faire incroyable, j’ai beaucoup de chance de les avoir rencontrés. Pour Gagner son pain Victor et Martin ont collaboré ensemble et ça a donné quelque chose de magnifique. J’étais heureux de rassembler ces deux amis dans un propos artistique. Clement Humeau un bon ami aussi, rencontré au Motel, a masterisé le disque. Ce gars me fascine, tellement il est pointu et perfectionniste. J’apprends de sa vision des choses si différente de la mienne. Je l’ai choisi entre mille, j’ai l’impression qu’il entend et conçoit des choses que je ne vois et n’entend pas du tout. Il a sublimé le disque. Enfin, il y a toute l’équipe qui m’a accompagné sur la sortie du disque. En premier lieu le Megaphone Tour, une famille pour les artistes qu’ils accompagnent, qui ont fait énormément pour moi. Une tournée l’année dernière, une résidence au Petit Bain, de l’aide pour chercher des fonds, et globalement qui me mettent des coups de pieds au cul tout les mois pour me faire avancer. Je ne leurs serais jamais assez reconnaissant pour tout ça. Marie Mougin ma fabuleuse attachée de presse qui a fait un travail de dingue. Et Tristan Schindler qui m’a bien boosté aussi, aiguillé et accompagné dans la démarche de promotion et dont le soutient m’est très précieux.

© Martin Schrepel

Pour terminer, comment avez-vous reçu toute cette aide venue de divers lieux ?

Je suis abasourdi de gratitude quand je réalise l’ampleur de l’aide que j’ai reçu à partir de cette chose si personnel qu’est la musique. Et encore plus quand je réalise qu’il y a des gens qui m’écoutent ça me paraît complètement fou.


Merci Gaetan pour cette belle découverte et cet échange enrichissant.



 

Manon Vincent I 26.05.2020

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