C’est en se rendant à l’inauguration de la Casa Corona à Bordeaux, nouveau bar éphémère intimiste au concept original, que nous avons fait une très belle découverte musicale, que l’on a de suite eu envie de partager avec vous. Sortis tout droit des années 70, le groupe Head On Television, a hypnotisé et ambiancé le public bordelais dès les premières notes, à coup de samples disco, loop electro, basse puissante et talking-box. On a donc profité de leur tout premier passage sur Bordeaux pour en savoir un peu plus sur ces trois grooveurs.
Quand est-ce qu’a été crée le groupe ? Aurélien : Le projet est né il y a 5 ans. Il était axé autour de la musique électronique. Tout s’est joué lorsque Sylvain et moi avons été appelés pour un live au Québec. Nous devions créer un show de 4h qui devait mélanger instruments et électronique. Sylvain : Il faut savoir que c’était notre premier concert et qu’il y’’avait 4000 personnes ! Du coup, ça nous a mis un coup de pied au cul car on devait composer 4h de son en 1 mois. Et ce n’était pas des sons comme on fait maintenant, plus pops et plus structurés. C’était des grandes phases de groove. Aurélien : Des morceaux dit « tunnels » qui durent 10 minutes. Et dans ces morceaux on a pu en extraire les meilleures parties pour nos futures compositions. Sylvain : Du coup, ce soir vous avez pu avoir la crème de la crème ! Chanceuses. On est donc très chanceux !
Et sinon d’où vient le nom du groupe, Head On Television ? Aurélien : C’est parti d’une critique de la société. Pour vous donner une image, c’est ce moment où lorsqu’on rentre dans le métro, plus personne ne se regarde, tout le monde est sur son écran. Donc le mot Television symbolise l’écran mais également notre côté un peu vintage, et Head c’est nous face à l’écran. On est devenu un peu des zombies avec ces trucs là. Après ce n’est qu’une piste de réflexion parmi d’autres. Sylvain : L’autre image marquante c’est lorsqu’on se produit sur scène. Aujourd’hui, en concert, les gens ne te regardent plus, ils te filment. Ils te regardent à travers l’écran, et tu perds l’essence même du live.
Aurélien : Dans les morceaux tunnels qu’on faisait, il y avait vraiment des samplings de séries télé inspirés par les synthés et cette basse qui était toujours assez présente. Cela a grandement contribué à l’esthétique du groupe. C’est un ADN à la fois complet et complexe.
Des influences ? Aurélien : On a Fela kuty , Herbie hancock , Radiohead etc... Sylvain : Prince ! Aurélien : En fait notre inspiration n’est pas liée à UN groupe seul. Notre influence elle vient d’internet et tout ce que ça nous permet de faire. Avant on faisait des compils de cassettes. Mais depuis que Youtube est arrivé, tu peux trouver de la Samba congolaise des années 80 comme de la musique chinoise des années 60, et on adore ça !
Un groupe avec lequel vous aimeriez jouer ? Sylvain : The Headhunters y’a 30 ans ! Aurélien : Sinon comme groupes d’aujourd’hui ça dépend vraiment de ce qui sort.
Sylvain : Michael Jackson !
Aurélien : On aime que les morts en fait ! (haha) Non mais là par exemple on va sortir un remix fait par The Shoes. On est hyper fiers de cette collaboration ! À côté de ça on écoute aussi de la cumbia psyché, Los Meridian Brothers, des trucs qui n’ont un peu rien à voir mais ça nous ferait tripper de faire un morceau avec eux aussi.
Au niveau de la création des morceaux, comment ça se déroule ? C’est quelque chose qui vous vient de vous même parce que vous êtes amis, parce que vous avez les mêmes inspirations ?
Sylvain : Ah non non on s’aime pas !
Aurélien : On s’aime pas trop non. (haha) Ça dépend un peu de l’humeur du moment. En hiver on va composer de la musique solaire et en été de la musique un peu plus froide… Ce qui est un peu étrange ! Il y a les influences, ce qu’on ressent, notre vie privée, plein de choses. On aime bien jouer sur les couleurs. La plupart du temps l’un ou l’autre commence un truc, on se les envoie et de bout en bout on se retrouve en studio, on mélange tout, on appelle des musiciens, et on forme quelque chose.
Quand avez-vous signé avec Polydor ? Comment ça se passe ? Aurélien : On a signé il y a 6 mois. Ça se passe très bien, on sait où on veut aller, notre style. Sylvain : Oui ça se passe très bien. Ils nous challengent et c’est super cool ! Le 6 Juillet on sort un EP avec notre titre « Don’t Forget Your Weapon » qui sera accompagné de plusieurs remixes.
Et comment êtes vous devenus trois ? Aurélien : Il s’agit en fait d’un featuring avec Joachim. Il fait toute la tournée avec nous. Ça a été tout de suite une superbe rencontre, on a vraiment adoré sa voix. On a fait un premier featuring et ça s’est super bien passé. Depuis il nous accompagne aussi sur scène. À côté de ça, il a d’autres projets. On travaille également avec d'autres chanteurs comme Wolf.
Joachim : En effet, j’avais un groupe avant qui s’appelait In The Canopy dont Maxime Lunel a réalisé les deux EP et l’album. C’est avec lui qu’on a fait les Printemps de Bourges, Rock en Seine par exemple… Et c’est un ami d’enfance d’Aurélien, c’est comme ça que je les ai rencontré, en faisant une ou deux dates avec eux. C’est sur le titre « Out Of Body Experiences » qui sortira à la rentrée, qu’on a fait un premier morceau tous les trois et on a beaucoup aimé bosser ensemble.
Sur le long terme, vous voudriez créer un groupe à trois ?
Joachim : Sur le long terme on verra comment ça se passe. Là on travaille beaucoup ensemble. Moi je continue à composer avec Maxime Lunel également. On a un duo qui s’appelle Hanami.
Sylvain : C’est comme une famille en fait, c’est plein de groupes satellites qu’on a chacun et avec qui on collabore.
Pour la prochaine tournée, vous avez prévu plusieurs concerts sur la France. En avez-vous prévu également en Europe ?
Aurélien : Effectivement, on a des dates en France tout l’été ! Nous n’avons rien de planifié actuellement en Europe mais nous avons vraiment la volonté jouer notre musique partout ! Moi par exemple,je veux aller au Japon, ça m’attire !
Un p’tit mot sur Bordeaux ?
Aurélien : On est contents d’être là mais on a pas pu boire de vin, alors que c’est quand même un peu la ville du vin. On connaît vraiment pas Bordeaux, faudra nous inviter à nouveau pour qu’on puisse découvrir vraiment la ville !
Sylvain : Les gens étaient vraiment pris par le show !
Aurélien : On est dispo pour revenir à Bordeaux, on a beaucoup aimé !
Joachim : Là on vient que dans un coin de Bordeaux donc on aimerait aller voir le centre aussi, découvrir la ville. En tout cas le public était très cool, très chaleureux, regards très lumineux et ouverts.
Le mot de la fin ? Une anecdote ? Aurélien : Merci de nous avoir interviewé déjà, c’est cool, on reviendra à Bordeaux, à Saint Michel !
Sylvain : Hum une anecdote, oui ! Il ne s’est pas réveillé ce matin ! Alors que normalement, lui, il se réveille tout le temps et moi je suis toujours en retard. Un autre petit mot, on a joué à Casa Corona Paris aussi et on trouve vraiment que c’est un très beau concept. Entre bois, végétal, artistes, peintres, musiciens. La ligne directrice est vraiment cool, c’est frais, c’est ouvert.
Un grand merci à eux pour nous avoir accordé cette interview imprévue. Un groupe à suivre de très près qui apporte un souffle nouveau avec de l’ancien. On retiendra également qu’ils veulent revenir à Bordeaux, pour notre plus grand bonheur !
À écouter sans modération !
Fanny Mielnitchenko & Blandine Pichon I 14/06/18 © Alband Gendrot & Jérémie Petit
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