Hier, le Doyen s’est éteint. Figure emblématique du Jazz et de la musique panafricaine, Manu Dibango alias Papa Manu, laisse derrière lui 60 ans de groove. C’est à la fois peinés par cette perte et remplis de gratitude face à l’oeuvre qu’il nous a légué, que nous revenons (de façon non exhaustive) sur sa vie.
Le premier succès solo de l’artiste, composé et enregistré après son installation à Kinshasa alors appelée Léopoldville, en 1962.
Cela fait déjà une dizaine d’année qu’il roule sa bosse d’abord au sein des Anges Noirs, l’orchestre de boite de nuit Bruxelloise, puis auprès de Joseph Kabasele dit « le Grand Kallé » représentant renommé de la rumba congolaise. C’est d’ailleurs avec ce dernier qu’il retourne sur le continent Africain avant de s’installer à Kinshasa accompagné de sa femme. Il y ouvre son premier club, le Tam-Tam.
Son retour en France est marqué de nombreuses collaborations comme pianiste pour Dick Rivers par exemple ou encore chef d’orchestre pour Nino Ferrer qu’il tient en haute estime : « Nino, un fils de famille, cultivé, plus profond. J’aimais sa belle voix, ses belles mélodies… Lui aussi rêvait des Etats-Unis, comme nous tous à l’époque, mais sa musique m’interpelait, sa culture, de Otis Redding à James Brown, en passant par la pop italienne, m’intéressaient davantage.» confit-il à Télérama en octobre 2019.
En 1972, on lui propose de composer la chanson officielle de la CAN, sur la face B du 45 tour il enregistre Soul Makossa. Un véritable tabac dont on a tous au moins entendu le sample. En effet, le rythme endiablé de ce tube a notamment été repris par Michael Jackson sur Wanna Be Startin' Somethin' (1982) puis Rihanna sur Please don't stop the music (2007).
Trois kilos de café
Sa première autobiographie parue en 1989 a été écrite en collaboration avec Daniel Rouard. Son titre fait référence à son arrivée en France en vue d’y faire ses études en 1949. Il est alors âgé de 15 ans, dans ses bagages trois kilos de café, denrée encore rare à l’époque, destinés à payer ses premiers mois de pension.
Il y raconte sa jeunesse, et sa découverte de la musique.
Balade en Saxo
Balade en saxo dans les coulisses de ma vie (paru chez Archipel en 2013) est une autobiographie intime et pensive, ou Papa Groove revient avec une certaine mélancolie sur les conflits d’identité culturelle auxquels il a pu être confronté au cours de sa carrière. Pas assez africain pour le continent africain, trop ethnique en France, il trouve aux Etats-Unis un creuset artistique dans lequel il s’intègre parfaitement.
Manu Dibango est un artiste à redécouvrir sans cesse, dont nous pleurons certes la perte mais surtout dont nous vous invitons à célébrer la vie et l’oeuvre.
Maeva Gourbeyre I 24.03.2020
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