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I Am Stramgram présente son dernier album

Dernière mise à jour : 8 déc. 2020

À l’occasion de la sortie de son dernier album When The Noise Become Too Loud le 9 octobre dernier, le talentueux Vincent d’I Am Stramgram a répondu à nos questions lors d'une interview.

© Rod

Lauréat du prix Ricard SA Live Music 2016, Lauréat des Inouïs Aquitaine du Printemps De Bourges 2016, Sélection des Francofolies 2016, plusieurs EPs à son actif, un 1er album Tentacles sorti en janvier 2018 et une tournée de plus de 3 ans partout en France et à l’étranger, aujourd’hui, il signe son retour avec un album qui marque un point clé de sa vie. Ce moment de la maturité, la trentaine où l’on fait état du monde qui nous entoure. C’est pour lui le moment des paradoxes, sujet dont il tente de s’emparer dans l’album. Pour nous, une véritable invitation à respirer à travers une musique pop et des textes décomplexés.

Ce qui m’intéressait autour de cette thématique c’était le paradoxe qui s’en dégage. Le manque d’oxygène peut être source d’angoisse comme salvateur.

Comment décrirais-tu l’univers de ton dernier album ?

La thématique de l’album est beaucoup liée au manque d’oxygène, aussi bien au sens propre que figuré. Une thématique née du « trop d’informations », d’une vie qui s’accélère par le numérique, de la distillation d’informations par les réseaux sociaux, un trop plein de matière que je trouve fatiguant. À côté de cela, un manque d’oxygène qui te pousse à prendre distance, qui te pousse à l’apaisement. C’est l’image de la planche dans la piscine. C’est une métaphore que je trouve hyper agréable. Tu viens reprendre l’air lorsque tu en manques et tu t’apaises enfin.

Ce qui m’intéressait autour de cette thématique c’était le paradoxe qui s’en dégage. Le manque d’oxygène peut être source d’angoisse comme salvateur. Comment de cette même sensation pouvait découler un sentiment opposé ?

Je n’ai pas écrit les chansons dans ce but là mais une fois que l’album était terminé, je me suis rendu compte qu’il parlait de ça, de cette question qui me travaillait. Il y a évidemment d’autres thèmes dans le disque, mais c’est ce qui ressortait le plus.

On a décidé en équipe de mettre l’accent sur cette thématique, ce qui se ressent dans l’esthétique de la pochette du disque, des visuels ou même des textes.

© I Am Stamgram
J’aime bien être spectateur des choses, ce qui peut m’inspirer, c’est tout simplement de me poser à la plage, de regarder la mer, ou de me poser dans un café, de regarder les gens passer et trouver ça chouette.

Quelles ont été tes inspirations pour composer ?

C’est très aléatoire. Pour cet album, c’est cette thématique du paradoxe autour du manque d’oxygène qui est revenue. En général elles sont très diverses. Me concernant, ce qui m’inspire n’est pas forcément la musique, il y a des périodes où j’écoute de la musique et d’autres où j’en écoute pas du tout. J’aime bien être spectateur des choses, ce qui peut m’inspirer, c’est tout simplement de me poser à la plage, de regarder la mer, ou de me poser dans un café, de regarder les gens passer et trouver ça chouette. J’aime aussi la bande dessinée, j’en lis beaucoup. En règle générale, je m’inspire de ce qui m’entoure en tant que spectateur, dans mes lectures, par des scènes de vie que j’observe ou par des conversations qui m’animent. Je suis quelqu’un qui observe beaucoup. À l’origine, j’ai fait une formation de vidéaste. Je n’en ai pas fait mon métier. En revanche, j’ai toujours eu un rapport de contemplation à l’image. C’est quelque chose qu’on me dit souvent. Je ferais, selon les personnes avec qui j’ai eu la chance d’en discuter, de la musique cinématographique. C’est d’ailleurs quelque chose que l’on retrouve dans la pochette du disque, cette idée de contemplation, illustrée par Guillaume Montier avec sa toile L’étreinte émeraude.

Donc la musique fait partie des choses qui me touchent mais ce n’est pas mon influence première pour en produire.


Pochette de l'album

M. Arnaudet, un théoricien de l’art, pense que les artistes produisent pour combler un manque dans leur univers, est ce que t’es assez d’accord avec cette idée ?

Je suis assez d’accord. Cette conversation je l’ai eu avec des copains il y a longtemps. On disait qu’on faisait ça parce que parfois il manquait des mots. Quand tu n’arrives pas à retranscrire des choses par les mots, à exprimer des choses en mots et que t’as l’impression que ça transcende le vocabulaire, que ça va au delà de ça, c’est à ce moment que tu choisis d’autres formes car tu te trouves bloqué par le manque. C’est plutôt poétique comme idée je trouve. Quand les mots manquent, les créations arrivent.

Il y avait un squat en face, on voyait les mecs défoncer des boîtes aux lettres pour aller chopper de la dope et les flics passer trois fois par jour. Et nous on écrivait des chansons d’amour, là au milieu de tout ça.

Quel est ton anecdote sur la préparation de cet album ?

On l’a enregistré dans un local un peu dégueulasse, qui est le local de mon batteur dans lequel on répète. C’est un endroit vers la gare de Bordeaux, un endroit qui va être détruit d’ici peu. C’est une pièce sans fenêtres, humide et un peu horrible… Je me souviens y avoir passé des nuits à enregistrer, on était tous les deux à ne croiser personne de la journée, c’était tout glauque, il y avait un squat en face, on voyait les mecs défoncer des boîtes aux lettres pour aller chopper de la dope et les flics passer trois fois par jour. Et nous on écrivait des chansons d’amour, là au milieu de tout ça.

Je pense que c’est pour tous les artistes pareil, on garde un lien comme on peut. Pas facile de rester en lien avec sa communauté. Il y a les réseaux sociaux mais ça ne comble pas le manque que créé l’absence des concerts.

Ton album est sorti en plein confinement, comment gardes-tu le lien avec ta communauté ?

Bonne question. Au départ l’album était prévu en avril, on a décidé avec la production et le reste de l’équipe de le sortir en octobre. Même si la période était de nouveau compliquée, il fallait que le disque sorte, que les choses avancent. Sinon il y a trop de décalage, tu te retrouves à tourner et à jouer des morceaux qui ont trois ans. Il est sorti en octobre avec toutes les contraintes que l’on connait, la dernière tournée a été annulée, celle de l’été dernier aussi, on avait pas mal de dates dont un passage au Canada. On a beaucoup, pleuré et bu des bières mais c’est fait.

Je pense que c’est pour tous les artistes pareil, on garde un lien comme on peut. Pas facile de rester en lien avec sa communauté. Il y a les réseaux sociaux mais ça ne comble pas le manque que créé l’absence des concerts, ce moment dans lequel il y a de grandes intensités de partage avec les gens. Cela ne comble pas non plus la sensation de jouer face à un public, le partage d’émotions que tu as dans les concerts. Le live en streaming, je ne trouve pas ça sexy, ça dépanne un certain temps mais ça ne remplace pas la vraie musique et l’échange que tu peux avoir en live.


Des projets à venir ?

On espère évidement pouvoir monter une tournée pour l’album When the noise become too loud l’année prochaine.

Sinon beaucoup de projets dans le théâtre qui est mon autre passion. J’ai fait la musique pour un autre spectacle en tournée qui s’appelle Moi fibre pour une compagnie qui s’appelle Le glob de Jean-Luc Ollivier. Récemment, j’étais en résidence dans les Landes pour un spectacle qui s’appelle Vivarium qui parle de la notion d’utilité, de la différence entre l’emploi et le travail, de l’éthique et du travail, des remises en question que cela peut nous apporter. Un spectacle qui a beaucoup de résonance avec le confinement et la situation actuelle. C’est un spectacle pluridisciplinaire pour lequel il me reste 5 semaines de résidence et qui se terminera par une tournée.

La première se passe au Théâtre de Gascogne dans les Landes le 9 mars et on sera le 13 mars au Rocher de Palmer à Cenon.

© Rod

Un mot pour ceux qui te découvrent

C’est difficile de se faire remarquer, il y a à peu près un groupe incroyable qui sort quelque chose toutes les minutes sur Internet, donc t’es rapidement noyé dans la masse. Alors si les gens qui ne me connaissent pas prennent 4 minutes pour m’écouter, je trouve ça chouette et je leur dis merci.


Un mot pour ceux qui te connaissent déjà

Merci pour tout, je vous aime et à bientôt.



 

Emma Labruyere I 01.12.2020

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