Depuis plusieurs mois quelque chose se trame dans les hangars de Darwin. Une énergie puissante, un travail acharné et une créativité à toute épreuve émane de ce lieu. Cette énergie est dégagée par une troupe de comédiens ayant posé leurs bagages artistiques dans ces lieux afin d’y préparer une pièce pleine de vitalité: Les Enivrés.
Dans cet article nous sommes partis à la rencontre de la compagnie Black Louve afin de vous faire découvrir l'émergence de cette compagnie et de ses projets comme l’interprétation de la pièce détonante d’Ivan Viripaev .
La compagnie Black Louve qu’est-ce que c’est ?
Tout part d’une première collaboration entre Antoine Basler le metteur en scène et Emma Guizerix qui s’est occupée de la dramaturgie de la pièce Les Enivrés. Lors de la création de la pièce exécuteur 14 d’Adel Hakim, les deux artistes ont décidé de poursuivre l’idée de travailler ensemble.
Avec cette volonté commune de sortir des sentiers battus, de se réapproprier les lieux de représentations et de construire avec la jeune génération, ils fondèrent la compagnie Black Louve en décembre 2020.
Dans ce projet ils embarquent avec eux seize comédiens et comédiennes, tous âgés entre 20 et 30 ans afin de mettre au devant de la scène cette jeune génération, les laisser s’approprier un texte, un jeu, une parole par leurs voix singulières et pleines de vitalité. Un théâtre hors les murs surgit alors avec cette compagnie qui travaille de manière alternative face à une gestion des lieux de représentation classique. En 2021 on déjà programmé deux performances théâtrales à Darwin réalisé par des jeunes artistes de la compagnie: Angelica, Sauve-moi de Pauline Bert et Jatâm de Jeremy Mutin et Lucie Merle.
A présent nous pouvons entrer dans le vif du sujet et vous parler de la pièce Les Enivrés d’Ivan Viripaev et vous donner envie de prendre vos places pour venir vous perdre dans cette pièce dynamique, sinueuse et captivante.
Une pièce enivrante
Mais alors cette pièce elle parle de quoi ? Les Enivrés à l’origine est un texte théâtral d’Ivan Viripaev, un des auteurs qui a redimensionné le paysage théâtral de la Russie depuis les années 2000. Ce dramaturge contemporain exploite l’espace, les thématiques et les phénomènes sociaux de manière alternative afin de proposer un nouveau type de drame. Dans les enivrés on retrouve à travers deux actes de quatre scènes, 14 personnages qui vont se croiser, se faire écho, se questionner, tous en état d’ébriété, “tous copieusement ivres”.
Dans cette pièce, le spectateur est entraîné avec ces jeunes titubants, imbibés de questionnements sur la vie et son sens. C’est une pièce qui éveille des réflexions philosophiques portées par cette jeunesse qui a soif d’amour, de vie et de mouvement. C’est une expérience qui s’annonce très immersive où le spectateur rentre directement en contact, se heurte face à cette nouvelle réalité construite par ces jeunes sur scène et qui ne fait cependant pas abstraction de la nôtre et l’actualité qui en découle. L’ivresse est à la fois palpable et métaphorique: Les enivrés c’est une pièce sur des personnages ivres d’alcool mais surtout ivres de vie, de puissance et de liberté.
Les enjeux de cette pièce sont multiples et le jeu de l'enivrement reflète cette perception distordue que l’ivresse octroie, celle où les limites sautent, les non-dits explosent sur fond de réflexions paradoxalement incohérentes mais qui peuvent raisonner chez chacun d’entre nous.
“Le monde est toujours tel qu’il est, ce qui importe c’est si tu sais aimer ou pas. Peu importe comment est la vie, il n’y a que l’amour qui importe. Seul l’amour importe et rien d’autre. Sois tu es dans l’amour soit tu es dans la merde.” Acte II scène 1
Quelques informations supplémentaires de la part du metteur en scène.
Afin de vous présenter au mieux cette troupe et la pièce, nous avons assisté au filage et pu discuter avec Antoine Basler, le metteur en scène et l’un des membres fondateurs de la compagnie Black Louve .
Pouvez-vous revenir sur les conditions et l’évolution de la construction du spectacle?
On répète depuis septembre dernier. Nos répétitions ont eu lieu une fois par semaine depuis l’an dernier et parfois dans des conditions pas terrible, notamment en hiver sous 10°. On travaille sur ce spectacle là mais également sur d’autres en préparation avec beaucoup de jeunes acteurs, ce qui est une manière de les professionnaliser, de les mettre en lumière. On cherche à accompagner ces jeunes acteurs sur le chemin de la lumière
Est-ce que vous pensez qu’il y a des non-dits, des choses de la société qui seraient tabous et qui sont délivrés grâce à l’ivresse des personnages dans cette pièce ?
Oui tout à fait, cet état fait péter les limites, il y a quelque chose d’hors frontière d’en dehors des limites
Y a t-il des auteurs, réalisateurs ou metteurs en scène qui vous ont inspiré pour ce projet ?
J’ai croisé pas mal de réalisateurs qui m’ont inspiré, mais je pourrais citer par exemple Claude Régy. Je voulais que le jeu des acteurs se situe entre Régy et la Commedia Dell’arte. Je voulais qu’il y ait un équilibre entre l'intériorité et l’expression.
Qu’aimeriez vous véhiculer comme sentiments/sensations aux gens qui viendront voir la pièce?
J'aimerais qu’ils ressortent de cette pièce : bouleversés au sens philosophique du terme. J’aimerai que quelque chose se passe, que quelque chose bouge, se transmette à travers cette pièce. J’aimerai que quelque chose se fasse ressentir à travers le texte, le jeu mais aussi la scénographie, l’éclairage. On a la chance de travailler avec un super éclairagiste qui s’appelle Enzo Cescatti qui travaille à l’ENSATT. La lumière est un des éléments fondamentaux : tantôt chaude, tantôt froide, elle est toujours en mouvement afin de faire ressortir et d’accompagner l’ivresse du texte.
Un élément de cette pièce que vous aimeriez nous partager pour finir?
“Ne pas se pisser dessus de trouille” c’est une réplique de la pièce et pour moi elle est importante.
Les Enivrés est donc LA pièce à aller voir en cette fin de printemps afin de vous laisser transporter par cette compagnie, par leur ivresse sur scène mais également par leur ivresse de vie, de passion et d’amour du spectacle.
Avec: Fanny Auger, Quentin Beignon, Maxime Bernard, Pauline Bert, Arthur Chassagne, Claire Garland, Pantxoa Guibert, Charlotte Goutagny, Fabien Guillas, Antoine Jumeau, Lucie Merle, Jéremy Mutin, Charly Paillet, Louise Petit et Adrien Rey.
Mise en scène: Antoine Basler
Dramaturgie et chargée de production: Emma Guizerix
Scénographie: Elsa Gallès
Création lumière: Enzo Cescatti
Assistant mise en scène: Antoine Navarre
Régisseur son et lumière: Thomas Cassan
Communication Artistique: Margaux Saulou
administration: Marie Remacle
Infos Pratiques
Du 23/05 au 14/06 - DARWIN éco-system
Durée de la représentation: 1h40
Event - Facebook - Billetterie - Instagram
Marie-Manon Poret I 21.05.2022
Comentários