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Monolithe noir : mettre la lutte en musique

Souvent associé à la fiction, le ciné-concert est un format d'événement de plus en plus répandu. Qu’un orchestre (ou un groupe) reprenne la bande originale d’un film à succès nous devenu relativement habituel. Or, la semaine dernière, nous avons pu assisté à un ciné-concert d’un autre genre. Organisée par Monolithe Noir dans l’accueillante Blonde Vénus, la projection de Plogoff, des pierres contre des fusils ne nous a pas laissé indifférents. Au programme : documentaire, archives et travail de composition.

© Blonde Vénus

Plogoff des pierres contre des fusils : un documentaire étrangement actuel

Bretagne, 1980. Un village d'irréductibles bretons lutte contre l'installation d'une centrale nucléaire sur ses terres. S'ensuit une répression policière et militaire pour le moins choquante. En 2019, alors que la France est animée par des mouvements sociaux de grande ampleur, le documentaire de Nicole le Garrec est restauré, grâce au soutien du CNC, de la Région Bretagne et de la Cinémathèque de Bretagne, dans sa version d’origine. Il a ainsi été sélectionné à Cannes Classics aux côtés de Shining et d’Easy Rider… Rien que ça !


Monolithe Noir : s’engager en musique

Quand les lumières se rallument, entre deux caisses de matériel nous faisons la rencontre d’Antoine Pasqualini alias Monolithe Noir :


Comment en êtes-vous arrivés au choix du documentaire ?

À la base, Yannick Dupont (avec qui je travaille) et moi on voulait travailler sur un film en lien avec le réel avec une dimension territoriale. Notamment autour de la Bretagne d’où je viens.Et quand je suis tombé sur ce documentaire là, sur le site de la cinémathèque de Bretagne, ça a rempli beaucoup de cases qui me poussaient vraiment à contacter la réalisatrice.

En plus, c’est un documentaire sur le nucléaire réalisé par une femme, sachant que les femmes sont particulièrement invisibilisées dans le milieu du cinéma.

C’était l’occasion de travailler sur un film sonore, et on trouvait ça super de pouvoir composer la BO d’un film.

Et la performance en elle même, comment est ce que vous l’appréhendez ?

Il y a une partie qui est écrite, et puis on laisse de la place à l’improvisation. Peut-être que ça s’entend ! C’est un peu mouvant…


De quoi vous êtes vous nourrit musicalement sur ce projet ?

Au début, on voulait partir sur quelque chose de très acoustique qui soit en lien avec l’époque. Et puis avec mon intérêt pour les musiques traditionnelles bretonnes et la folk en général j’ai fabriqué une vielle à roue pendant le confinement. J’ai commencé à composer des choses avec. De fil en aiguille on a testé des choses différentes et

finalement on se retrouve sans vielle à roue ! On a plus fait rentrer le synthétiseur…On se laisse toujours la possibilité de changer des choses, d’aller parfois à contre-courant. On a essayé de vivre avec le film et de ne pas tout figer.

Vous avez prévu de travailler autour d’autres œuvres cinématographiques prochainement ?

Pour l'instant on est vraiment sur ce documentaire mais j‘avoue que tout ce qui a trait aux images d'archive m'intéresse vraiment. Il y a énormément d'œuvres sonores qui n’ont pas été mises en musique. Et je crois que la dimension politique est de plus en plus importante. Je voulais me positionner en tant que musicien pour une fois parce que ma musique n’est pas ce qu’on pourrait appeler « engagée », il n’y a pas de texte. Certes il y a des couleurs, des émotions, mais c’est peu explicite. Et, sur ce projet, soutenir un propos, construire une ambiance ça me permettait de mettre ça en évidence. Et ça nous donne envie de poursuivre dans ce sens là aussi !


Le propos politique de ce film est encore très actuel…

Complètement ! Je pense que c’est la raison pour laquelle il a été restauré et sélectionné à Cannes en 2019.. En plus de ça les ciné-concerts nous ont amené à rencontrer des publics différents. Des étudiants comme des sexagénaires qui connaissaient voire s’étaient retrouvés dans cette lutte. À travers ces rencontres, c’est un dialogue qui n’est pas juste artistique qui se crée.


N’hésitez pas à suivre Monolithe Noir pour découvrir les prochaines dates de ciné-concert prés de vous.


 

Maeva Gourbeyre I 28.11.2021

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