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Récit autobiographique de Jean Bizien, photographe humaniste du New York des années 50

Dernière mise à jour : 24 août 2021

Voici l’histoire d’une vie, celle de mon grand-père, dont les propos ont été recueillis en février 2019 par ma mère. Personne ne sachant mieux conter son parcours que lui-même, j’ai pris le parti de vous livrer ses mots (sommairement modifiés) qui sauront, je l'espère, transmettre justement sa mémoire.

(Extraits retranscrits de la préface à son livre New-York, années 50, Filigranes Éditions 2019)

© Jean Bizien

“Fais tes valises, on part aux États-Unis": ainsi commença l’aventure pour le jeune pensionnaire de 13 ans que j’étais alors au collège Jules-Simon de Vannes. A ma grande surprise, mon père était venu m’y chercher un jour en 1946... Quelques mois plus tard, nous prenions le cargo L’Oregon au Havre à destination du "rêve américain”. J'étais content, étonné. Mon père avait décidé de tenter sa chance en Amérique…


Une fois à New York, mon père se mit au travail et j’allai à la High School américaine. Au fond de la classe, on m'appelait “Frenchie”.. Je me suis vite débrouillé en anglais. La vie s’écoulait tranquillement, j’étais plutôt heureux, partageant mon temps entre les études, un petit travail en fin de journée chez les marchands de tissu et les week-ends ou je partais camper dans la nature avec mes camarades scouts du Lycée français de New York.

J’ai poursuivi mes études en consacrant beaucoup de temps au dessin, trouvant mon inspiration au muséum d’histoire naturelle et au Metropolitan Museum of Art.


En 1951, j’achète mon premier appareil photographique, un Ricohflex et réalise mes premières photographies. J'achète ensuite un Flexaret et fais ensuite de la rue ma principale source d’inspiration. Je me baladais quotidiennement avec mon appareil photo à la main, dans ce monde cosmopolite des années cinquante à New York, je côtoyais différentes nationalités et me liais d’amitié avec différentes personnes. C’est à cette époque que j’ai pris la photo de l’homme qui sort du métro, devenue en quelque sorte par la suite ma photo emblématique. Je faisais des photos par passion, saisies sur le vif. Je ne pensais pas qu’elles seraient exposées bien plus tard, dans les années 2000, dans une galerie en Bretagne !

© Jean Bizien

Après avoir travaillé chez Norcross pendant cinq ans, je suis appelé par l’armée américaine, puisqu'entré aux États-Unis comme immigrant. Entre temps, mes parents étaient retournés en France. À mon entrée dans l’armée américaine, j’ai réussi à me faire reconnaître en tant que photographe et on m’a autorisé à monter mon petit laboratoire à Chicago, dans l’enceinte du régiment. Pendant un an, j’ai réalisé des photos du bataillon en activité lorsque nous allions faire des essais de tirs autour du lac Michigan.

© Jean Bizien

“Bizien, ça vous dirait d’aller en Europe?”, me demande en 1954 l’officier du camp.

Direction l’Allemagne, où nous logions dans d'anciennes casernes de l’armée allemande. Un jour le colonel du bataillon antiaérien DCA me recrute en tant que photographe attitré de l’armée américaine. Jeep à disposition, je pouvais agir librement et faire toutes sortes de reportages sur ce bataillon. Alors que j’étais plutôt jeune et antimilitariste, je goûtais au très bon traitement des soldats par l’armée américaine, à cette époque. Démobilisé en 1955, je rentrais aux États Unis après avoir fait le tour de l’Europe, avec la chambre photographique Linhof 6x9 offerte par l’armée.


Retour à New-York, je trouve un travail chez Rudy Abramjik, spécialiste des photos d’antiquités et de peinture. Je travaille ensuite pour Palombo, photographe publicitaire jouissant d’une certaine renommée, puis pour Henri Clarke, alors photographe pour Vogue qui m’a permis de travailler auprès de William Klein.


Un jour, j’entends dire qu’Irving Penn en personne cherche un assistant, qui après de nombreux rendez-vous me prend dans son équipe. Emprunt d’une grande humilité mais connaissant sa valeur, il fut pour moi la meilleure des écoles. Il m’a transmis beaucoup, tant sur le plan technique qu’artistique et humain. Il m’a permis de voyager beaucoup et de rencontrer de nombreuses personnalités importantes de l’époque comme la grande danseuse Maïa Plissetskaïa !

© Jean Bizien

Après la découverte de ce nouveau monde, je décide de revenir en France où je m’établis en tant que photographe publicitaire à Paris, activité que j’ai tenue pendant trente ans auprès de ma femme et de mes deux enfants.

Lorsque j’ai pris ma retraite, la Bretagne dont j’étais originaire est redevenue un horizon de vie pour moi, notamment la côte de granit rose dans les côtes d’Armor.

© Jean Bizien, 2019

Les formations rocheuses constituent encore pour moi une source d’inspiration inépuisable. Quelques temps après mon installation, le photographe Francis Goeller découvrait mon travail de jeunesse, alors resté dans des cartons pendant toutes ces années.

Très vite, elles intéressent la presse locale et sont exposées à la galerie l’Imagerie de Lannion par Jean François Rosepape. S’ensuivent une quinzaine d’expositions et plusieurs émissions de télévision."

" Reconnaissance tardive et savourée de ce travail de jeunesse ! "


Propos recueillis et retranscrits par sa fille, puis adaptés au format webzine par sa petite-fille.


Son livre est disponible en commande, en cliquant ici ou !

 

Louise Levallois I 21.08.2021

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