top of page

Rencontre avec Chelabôm

A l’occasion de la sortie de leur single « Dame Rabia » le 3 juin dernier, nous avons rencontré le groupe bordelais Chelabôm. Six artistes aussi singuliers que talentueux qui nous ont livré la recette de leur succès :

© Zeina Kovacs

Tout bordelais se doit de connaître Chelabôm. Le groupe formé il y a quelques années à réussi à rassembler autour de titres originaux et entrainants. Vrais aliens de la néo-soul (s’il fallait vraiment les définir), leur énergie électrique en live a conquis les scènes régionales. Ils s’exportent aujourd’hui en France et à l’étranger. A l’heure actuelle, les six (ex) étudiants ont tous arrêté leurs études pour consacrer leur talent à leur art si singulier, pourtant entier et multigénérationnel.


Après le succès de leur EP Mimosa, devenu coup de cœur de Radio France, Chelabôm revient avec un single doublé d’un clip Dame Rabia (feat Titouan), un titre déjà plébiscité.

Feather a eu la chance de les rencontrer avant leur tournée estivale, à l’occasion d’un concert au Quartier Libre, scène bordelaise historique des artistes émergents. Autour d’une bière rue des Vignes, ils nous ont raconté leur rencontre, leur perception de la musique, leurs inspirations et aspirations.


© Flavie Seris

Une bande de potes passionnés


Chelabôm c’est donc la rencontre de six étudiants passionnés de musique. Perrine (chant), Titouan (clarinette), Ben (clavier), Lucas (guitare), Thibaut (basse) et Léo (batterie) viennent tous d’horizons divers, artistiques ou non.


Leur art est aussi pluriel qu’il y a de membres et de diversité dans leurs parcours. Donner une définition à leur genre serait les calfeutrer. Pourtant, ils y ont réfléchi :


Ben : « Alors on a eu de tout dans la presse : jazz, rock, funk, pop, électro et même hip-hop ! A l’heure actuelle, on est même classés « musique du monde » sur Apple music (rire). Comme il a fallu y réfléchir on aime parler d’« electric groovy velours », même si c’est encore en débat au sein du groupe. Ça veut tout et rien dire mais on a énormément d’inspirations. On pioche dans le néo-soul, l’afro, la cumbia, le rock sans devenir un cliché du genre.

Perrine : « Même si parfois on assume un côté kitch/pop facile ! »

Leur musique est l’héritage même d’inspirations communes et personnelles :

Léo : « On a tous des influences assez différentes même si ça s’est recoupé quand on a commencé à se fréquenter régulièrement. Ce qui pourrait définir le groupe serait le mélange entre Hiatus Kaiyote, les Rita Mistouko, Nathy Peluso et Bonnie Banane ».

Perrine : « Ça ce sont nos références communes. Mais ce qui fait notre force et parfois notre désaccord ultime c’est qu’on a chacun notre éducation et notre héritage culturel. En musique ça matche mais pour tout ce qu’il y a autour et notamment les cohérences visuelles et scénographiques, on peut débattre. Des fois, on n’a pas du tout les mêmes visions et langages artistiques ».


« Je m’amuse beaucoup, je mêle des langues au sein de mêmes phrases, ça m’est même arrivé de parler espagnol avec l’accent anglais ! » - Perrine

© RAS Production

Perrine, qui écrit seule tous ses textes, à l’habitude de jongler avec les langues. Dans une même chanson, elle peut passer de l’espagnol à l’italien, en passant par le français et l’anglais, le tout avec un accent très travaillé. On lui a demandé d’où lui venait cette aisance linguistique : « J’ai vécu un peu en Espagne et en Italie. Mais surtout, j’attend pas que ça soit parfait au niveau de la syntaxe. Je pioche dans les sonorités et les timbres, c’est l’aspect musical des langues qui m’intéresse, plus le son que le sens. Je m’amuse beaucoup, je mêle des langues au sein de mêmes phrases, ça m’est même arrivé de parler espagnol avec l’accent anglais ! ».


Leurs compositions est le fruit d’une spontanéité musicale lors des répétitions :

Lucas : « Rien n’est écrit. Au début c’est Ben qui proposait des idées. Aujourd’hui, comme on se voit souvent, on a plus de temps. On commence à jouer, on se laisse aller et selon notre état physique et moral, les idées viennent à nous. »

Thibaut : « On réarrange constamment nos compos, on peut très bien reprendre des inspirations d’il y a 3 ans et les retravailler en fonction de nos progrès techniques. C’est pareil pour notre identité musicale, on évolue et on retransforme très souvent nos idées de base. »

Ben : « On a aussi essayé de repenser le processus de composition. Avant, chacun s’occupait de sa partie. Aujourd’hui, c’est une pensée globale, on se permet de se faire des retours les uns aux autres. C’est aussi l’objectif du prochain projet pour 2023… ».

Leur dernier single : une ode à la déconstruction

« On a aussi fait le constat que les femmes sont majoritairement absentes dans le monde de la musique » - Thibaut


« Dame Rabia » (« Donne-moi la rage » en français), leur dernier single (disponible sur toutes les plateformes depuis le 3 juin) est une œuvre féministe en collaboration avec Titouan, multi-instrumentiste, qui a aidé à la composition, l’arrangement et qu’on peut apercevoir au saxophone. Le clip est d’ailleurs très travaillé et au moins aussi important que la musique. Dans un décor psychédélique entre réel et animation, le rapport au corps y est narré avec finesse et justesse.


Perrine y raconte en espagnol son expérience du patriarcat en tant que femme et les atteintes sexistes qu’elle a pu subir dans la rue.


Perrine : « J’ai voulu partir du harcèlement de rue pour ensuite raconter le processus de réappropriation de son corps. C’était aussi l’occasion pour nous de s’interroger en tant que groupe sur une déconstruction de la masculinité, tout en restant dans une proposition artistique et clipesque ».

Lucas : « Ce qui était intéressant pour nous en tant que mecs, c’était surtout de savoir comment se positionner par rapport à l’expérience de Perrine. Il y a cette dualité entre son vécu et nous, cela interroge sur le lien entre hommes et femmes. C’est un sujet très grave et pourtant notre clip est plutôt humoristique, on a essayé de rendre ça abordable ».

Thibaut : « On a aussi fait le constat que les femmes sont majoritairement absentes dans le monde de la musique, que ce soit sur scène, sur les plateaux ou à la technique. On s’interroge beaucoup sur ces questions et même avant ce single, on y était déjà sensibles. »

En plus de leur engagement féministe, les membres de Chelabôm, qui s’exportent cet été au-delà de la région, s’interrogent beaucoup sur la question de l’impact écologique de leur musique.

© Hector Passat


Des aspirations éco-responsables

« En décembre, on a fait une date à Grenoble et on s’est rendu compte de tout ce qui avait été mis en place pour un simple concert d’une heure à 600 bornes de Bordeaux. » - Titouan

Après avoir tourné en Gironde pendant deux ans, le groupe cherche à s’exporter en France et à l’étranger. Selon eux, c’est toujours chouette de rencontrer du monde, ils ont l’habitude d’être invités dans des lieux et festivals accueillants.

Cet été, ils vont notamment jouer à Paris, Bruxelles, Tour et Limoges. En août, ils sillonnent l’Ouest et le Sud de la France autour d’une dizaine de dates dans des grandes et petites villes.

© Hector Passat

Conscients de l’impact écologique de leurs tournées, ils expliquent chercher des solutions éco-responsables pour transporter leur art :

Titouan : « En décembre, on a fait une date à Grenoble et on s’est rendu compte de tout ce qui avait été mis en place pour un simple concert d’une heure à 600 bornes de Bordeaux. On a dû faire l’aller-retour en deux jours en voiture. Ça a été cher tant au niveau financier qu’écologique. »

Thibaut : « Effectivement, aller dans d’autres villes est un passage obligatoire mais on essaie de repenser la tournée en rentabilisant le coût écologique des déplacements. On s’efforce de plus en plus à faire coïncider les dates entre elles en fonction de leur localisation. Par exemple, si on doit faire une date dans les Pyrénées, on va essayer de trouver d’autres petites dates sur le chemin, quitte à être payés moins mais à rendre le trajet utile ».

Perrine : « Maintenant on pense notre tournée en fonction de l’itinéraire et non plus l’inverse. On veut penser d’abord au trajet pour ensuite diffuser notre musique en fonction. En ce moment, on essaie aussi de rechercher des manières autres de s’exporter comme le train ou le bateau ».

Titouan : « De manière plus globale, on est en ce moment en questionnement sur une nouvelle manière d’appréhender notre musique et sa diffusion. C’est difficile pour des artistes de rester complètement maître de ces éléments. On veut essayer de se défaire des injonctions de l’industrie musicale. Certes, ça coûte de l’argent mais on sait qu’il y a plein de trucs à faire. »


En somme vous l’aurez compris, écouter Chelabôm c’est non seulement apporter une touche ensoleillée et réjouissante à vos playlists d’été mais aussi participer au développement d’une nouvelle génération d’artistes éthique et engagée.


Dates de la tournée 2022 :


 

Zeina Kovacs – 13/06/2022


405 vues

Comments


bottom of page