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Rencontre avec la directrice des Inouis du Printemps de Bourges

Dernière mise à jour : 8 oct. 2018


Les INOUIS du Printemps de Bourges Crédit Mutuel, premier dispositif national et professionnel dédié à l’émergence artistique, compte sur plus de 350 professionnels en France, pour trouver les diamants bruts de la musique actuelle. La trentaine d’artistes sélectionnés jouera au Printemps de Bourges en mai, mais participera également à des festivals prestigieux français et internationaux. De plus, les artistes auront la possibilité de se professionnaliser lors de résidences ou formations et parcourront la France lors de la tournée des INOUIS, à l’automne.



Justement, le 13 octobre, les deux lauréats des INOUIS 2018 (Apollo Noir, prix du Jury INOUIS 2018 dans la catégorie électro/Ile de France et l’Ordre du Périph, prix du Printemps de Bourges Crédit Mutuel INOUIS 2018, dans la catégorie Hip hop/Ile de France) mettront un pied sur la scène de la Rock School Barbey à Bordeaux, accompagnés des anciens INOUIS, le groupe franco-canadien Théo Lawrence and the Hearts (INOUIS 2016) et Concrete Knives (INOUIS 2011). Pour que ce dispositif n’ait plus aucun secret pour vous, Feather a rencontré Rita Sa Rego, directrice de Réseau Printemps/les INOUIS, qui a répondu à nos questions :


Comment les Inouïs a vu le jour ?

L’histoire INOUIS débute dans les années 80. Le Printemps de Bourges existe depuis 1977. À cette époque, les organisateurs recevaient beaucoup de cassettes de jeunes artistes. Mais justement, comment recevoir ces nouveaux artistes ? Ils ont donc demandé à quelques copains de Toulouse, Bordeaux et Bourges de réaliser une petite sélection. C’est comme ça qu’a été crée une scène ouverte à Bourges par la suite.

Aujourd’hui, tout est beaucoup plus organisé puisqu’encadré par l’association Réseau Printemps. Au départ, nous n’avions qu’un relais en Midi-Pyrénées et Rhône-Alpes. Désormais, nous possédons 28 antennes, dont 25 en France métropolitaine et 3 en Suisse, Belgique et à Québec. A présent, la scène des INOUIS est une scène payante qui fait partie de la programmation du festival Printemps de Bourges.


Depuis combien de temps êtes-vous directrice des INOUIS ? Comment décririez-vous votre travail ?

Je suis directrice depuis maintenant 11 ans des INOUIS. Mon rôle principal est un rôle de coordinatrice. Nous déléguons aux différentes antennes régionales et je me charge de lancer une stratégie afin de garder une ligne directrice et avoir la meilleure sélection possible.


Comment s’organisent les « chercheurs de talents » ?

Les repérages se font toute l’année, à un niveau national. Ceux qui repèrent les talents peuvent être aussi bien un directeur/programmateur d’une salle de spectacle, qu’un développeur d’artistes… Leur point commun est avant tout d’avoir envie de suivre des jeunes artistes. Au départ, nous avons environ 3500 candidatures. Une fois la première sélection de faite, nous nous retrouvons avec environ 150 artistes pour les concerts auditions, qui se tiennent dans la région de l’artiste. Enfin, à Bourges, une trentaine d’artistes se présenteront sur scène.


Comment se compose la sélection INOUIS ? (Par exemple, dans la sélection chanson on trouve en 2018 Aloise Sauvage et Malik Djoudi)

Les artistes sont caractérisés par leurs régions et leurs style musical. Par exemple, dans la catégorie « Chanson », on peut trouver Malik Djoudi pour la région poitevine et Aloise Sauvage pour la région Ile de France. Ce qui a changé par rapport à cette catégorie, c’est que désormais on ne trouve pas que des « guitares/voix ». Du moment que les artistes se revendiquent comme chanteurs de textes français, ils rentrent dans cette catégorie. Les frontières sont très poreuses, c’est pour ça qu’on peut trouver des artistes très différents dans la même catégorie. C’est aussi ça les INOUIS, évoluer avec son temps.


Aloise Sauvage - © Christophe Crenel

Dans la mesure où tous les styles sont réunis, l’éclectisme de vos artistes est-il important ?

Justement, les INOUIS c’est faire une photographie à l’instant T de ce qui se fait de mieux musicalement en France. Si par exemple, la tendance est très rock, il sera majoritaire dans notre sélection. Nous sommes sensibles aux propositions musicales variées.


La tournée à l’automne est un tournant, j’imagine, pour les artistes lauréats. Comment s’organise-t-elle ? Le choix de la ville de Bordeaux pour la tournée s’est-il fait naturellement ?

Le choix des villes est primordial. Nous essayons de choisir des villes qui sont importantes par leur taille et leur densité. Mais nous faisons en sorte de tourner chaque année, de ne pas venir deux années de suite à Bordeaux par exemple. De plus, nous essayons de choisir un itinéraire qui créera un réel effet de « tournée » pour les artistes.


Que ressentez-vous par rapport au fait que la musique soit un milieu difficile mais de passionnés ? Pensez-vous qu’il manque de dispositifs ou de lieux dédiés à l’émergence artistique en France ?

Je pense qu’en France, au niveau des dispositifs, nous sommes assez bien servis. Un artiste renseigné peut vite trouver des dispositifs adéquats pour l’encadrer dans sa carrière. En ce qui concerne les lieux, je pense que cela dépend des régions, mais en général, nous sommes assez chanceux d’avoir des lieux d’accueil à la musique et à la culture qui s’implantent dans toute la France.


© Titouan Masse Photography

Le fait que les deux lauréats de 2018 (Apollo Noir et L’ordre du Périph) soient parrainés dans leur tournée par deux anciens INOUIS, Théo Lawrence and the Hearts et Concrete Knives est une belle image, comme une métaphore d’un « passage du flambeau » …cette idée est-elle importante pour vous ?

Oui, bien sûr, à l’origine, cette idée était majeure. Nous voulions accompagner ces nouveaux lauréats, qui, en théorie, ne sont pas très connus du public, par des artistes, anciens lauréats, qui ont un peu plus d’expérience (de la scène mais aussi du public). C’est aussi une occasion pour nous de retrouver les anciens INOUIS, car nous ne cessons jamais de suivre de près ou de loin nos artistes.


Finalement, comment être un artiste INOUIS ?

Un artiste INOUIS ne fait pas forcément partis des « meilleurs », mais c’est celui qui nous semble être le plus prêt pour connaitre une envolée dans sa carrière. Vous vous imaginez bien qu’en passant de 3500 candidats à 150 pour les concerts auditions, le niveau est déjà très haut. Beaucoup de groupes qui connaissent aujourd’hui un fort succès ont passé plus de deux fois les sélections avant d’être pris. C’est le cas du groupe Inuit, qui ont été pris au bout de la 3ème fois. Pas parce qu’ils n’étaient pas talentueux, mais parce qu’ils n’étaient peut-être pas prêts dès le début à être poussé au-devant de la scène. Cela montre que la musique est aussi une question de temps, de maturité. Les INOUIS aident à donner ce coup d’accélérateur, mais au moment adéquat.


Nous remercions Rita Sa Rego qui nous a consacré son temps, et attendons désormais patiemment la sélection de la 34ème édition des INOUIS Printemps de Bourges 2019.



 

Eva Pons I 06/10/2018

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