Peut-être avez-vous déjà aperçu sa moustache impeccable lors de l’édition 2019 de Vie Sauvage ? Cette semaine Feather vous présente le phénomène Jérôme Violent. Son sarcasme est sans aucun doute à la hauteur des meilleurs crus de sa terre bordelaise natale … entretien avec un curieux personnage !
Jérôme Violent est de ces artistes “inclassables”, à l’image du phénomène Philippe Katerine. De la musique française, oui, qui emprunte quelques codes au rock, à la pop et même parfois à l’électro. Une musique bien ficelée qui n’a pourtant pas l’air de se prendre au sérieux. Qui se cache derrière les clips loufoques, les paroles décalées et le personnage de loubard ? On a tenté de mieux comprendre Jérôme.
“Sacré personnage !”, ce sont les mots qui me viennent à la vue de ton travail. Lunettes d’aviateur, moustache travaillée et cheveux gominés…. les attributs d’un vrai loubard, mais l’es- tu vraiment ?
Une belle moustache implique de grandes responsabilités, elle est l’apanage des grands chefs, ça c’est c’est certain. Concernant le côté loubard, je peux juste te dire que j’ai fais des choses que je regrette, mais que tout ça appartient désormais au passé. J’ai changé.
“Respect, Passion, Partage”, ça semble être ton mantra mais aussi les noms de tes deux premiers EP’s. Tu peux m’en dire plus ?
Effectivement. Je pense que sans respect, il n’y a pas de passion, et sans passion, pas de partage. Concernant mes EP’s, j’ai effectivement entamé une trilogie qui sera clôturée par le dernier opus, "Partage". Il arrive très bientôt, je prends mon temps, car évidemment il ne va pas déconner du tout.
Dans un de tes titres tu te qualifies toi-même de “Doux Dingue”, et ta musique tu la qualifierais comment ?
Je la qualifierai d'unique. J’aime les artistes dont il est compliqué de reprendre les morceaux. C’est mon cas. Ma musique, c’est un style de vie. J’ai envie de te citer une phrase du morceau « Je t’aime pas », issu du prochain EP : « Moi je chante, je chante, pas des chansons »
“J’aimerai trouver une fille qui me branche vraiment”, “Je suis un garçon facile, pas du genre à hésiter”, c’est quoi ta vision de l’amour Jérôme ?
La deuxième citation “Je suis un garçon facile, pas du genre à hésiter” est issue d’un titre de mon ami Guillaume Fédou, « La machine à désirer », dont j’ai proposé une relecture. Je l’embrasse. En ce qui concerne mes morceaux, ils traduisent généralement une ou plusieurs émotions, correspondant à un moment, une sensation - pas forcément une pensée profonde et absolue. Je me laisse porter par la vague de mon style de vie. La phrase du morceau de Fédou m’a parlé, parce que je me suis déjà retrouvé dans cet état d’esprit, il y a bien des années. Quand j’ai entendu le morceau, je me suis dit : « Tiens, je chanterais bien ça ». Du coup je l’ai enregistré, c’était ma vérité du moment. Kapish ?
Et en dehors de ta vie amoureuse, quelles sont tes inspirations pour écrire ?
C’est très variable, ça peut être une sonorité, une conversation, un plat, une voiture, une déclaration d’impôts.
Comment se passe la période d’écriture pour toi ? Tu travailles en solo ?
Beaucoup de morceaux sont écrits par moi. D'autres par Edgar. D'autres par nous deux. François, un ami, nous avait aussi aidé pour des morceaux. Le prochain EP contient une chanson écrite à deux, et une autre par Edgar. En ce qui concerne l’enregistrement, j'opère en solo, mais suis souvent aidé par mon ami Matías Enaut pour le mixage et pour certains arrangements - il a par exemple mixé et réarrangé une grosse partie de "la maison de Lizzie". J’ai également travaillé avec un beatmaker ivoirien (2B on the beat) pour un morceau du prochain EP.
Dis moi, qu’est-ce qu’une cagolitasse ?
Tout le monde, femme ou homme, a le droit de se sentir cagolitasse quand il veut, où il veut, s’il en a envie, à sa manière. Je pense que ça fait du bien de temps en temps. C’est même important. Les gens font ce qu’ils veulent. Le morceau « Cagolitasse » parle davantage d’une fin de carrière d’acteur ou de musicien, qui brasse du noir tout seul dans sa villa. Une des inspirations était le personnage de BoJack Horseman, pour les connaisseurs.
Deux de tes clips sont tournés à l’Iphone, qu’est-ce qui t’attire dans ce côté “homemade” ? Et qui sont les personnes qui participent au clip de “Cagolitasse” ?
Concernant le clip de « Cagolitasse », ce sont des vidéos que j’ai reçues sur des années… C’est vrai que je n’ai pas toujours eu un comportement exemplaire par le passé… Mais j’ai changé ! Les deux clips tournés à l’iphone (réalisés par Pauline Bravi) ont été tournés aux USA avec peu de moyens effectivement. Mais qui dit moins de dépenses budgétaires pour la location d’une caméra dit davantage de budget pour mon cachet d’acteur et pour les fêtes de fin de tournage. Et qui dit tournage léger, dit aussi absence d’intermittents, qui sont la plupart du temps des sacs.
J’ai cru entendre que ton âme d’artiste s’appliquait aussi à l’univers de la BD, des clips ou documentaires … est-ce qu’il y a des projets dont tu pourrais me parler ?
Il y a un clip sur le feu, et un autre en préparation. Pour ce qui est des visuels, je travaille en étroite collaboration avec l’artiste laversionus, qui réalise toutes mes magnifiques illustrations.
Si tu devais faire une collaboration avec Philippe Katerine, Jacques Dutronc ou Serge Gainsbourg (qui reviendrait à la vie exclusivement pour toi), quel serait ton choix?
Pourquoi ne pas monter une tournée post-confinement avec les quatre ? (On met Gainsb’ en hologramme). On pourrait appeler ça « La tournée des 4 Amigos ». On jouerait un mélange des répertoires de chacun. Sur l’affiche, je serai au milieu entre Dutronc et Katerine, et on mettrait Gainsb’ en haut sur le côté.
Tu as définitivement quitté la terre des grands crus pour celle des hot dogs ? Pourquoi ?
Je suis entre Paris, New York et Bordeaux. J’aime bien venir me ressourcer à Bordeaux de temps en temps, les gens y sont simples et généreux, pas comme dans les grandes villes. J’aime mettre les pieds dans la merde le temps d’un week-end. J’aime cette simplicité ! (Rires)
En confinement tu es plutôt du genre à écumer Netflix et tes placards à gâteaux ou à t’initier au yoga et apprendre le mandarin ?
Je suis confiné par essence. À une période de ma vie, j'ai dû me cacher pendant plusieurs mois dans un pays que je ne nommerai pas, pour des raisons de sécurité évidentes. Donc je connais l’ambiance. En confinement ou à l'extérieur, ça bosse dans les deux cas.
On remercie Jérôme Violent pour cette interview !
Manon Cosson I 28.04.2020
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