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Rencontre avec Sylvie Violan, directrice du FAB


Le Festival international des Arts de Bordeaux Métropole (FAB) revient cette année pour sa troisième édition. Au programme c’est 3 semaines, 33 lieux et 30 spectacles qui vous seront proposés entre le 5 et 24 octobre 2018. L’occasion de découvrir des spectacles d’arts vivants en salles mais aussi en plein-air. Une thématique pour cette 3ème édition :

« Paradis ». Fiscal, imaginaire, blanc..? Une sélection de spectacles programmés, conférences etc. permettront de se questionner, décortiquer, concevoir cette thématique.

Rendez-vous culturel international, le FAB est sous la direction artistique de Sylvie Violan. C’est pourquoi Feather est parti à sa rencontre pour lui poser quelques questions.



A quelques jours de la 3ème édition du FAB, pouvez vous nous expliquer comment vous est venu l‘idée d’un festival comme celui ci ?

Bordeaux manquait d’un grand festival pour les arts de la scène, étant donné la taille de la ville aujourd’hui, de la métropole et de l’attractivité de la ville et son rayonnement. Je pense qu’il était important d’avoir un grand festival pour les arts de la scène. Il existait auparavant un festival qui s’appelait Novart à Bordeaux et un autre qui s’appelait Des Souris, des Hommes à St Médard. Les deux avaient une portée métropolitaine mais étaient limités pour des raisons diverses. L’idée a donc été de mutualiser ces deux festivals pour en créer un plus important, beaucoup plus international qui fasse rayonner réellement Bordeaux en dehors de ses frontières.


Un tiers de la programmation est issue de la scène locale. Est-ce un moyen d’encourager la production artistique régionale?

Bien sûr. On est dans une région où il y a une très belle production de spectacles vivants dans toutes les disciplines avec énormément d’artistes jeunes ou moins jeunes très talentueux. Pour moi, il était indispensable que les artistes de la région Nouvelle-Aquitaine aient leur place dans ce festival pour présenter leurs nouvelles productions, leurs nouvelles créations et que ce soit pour eux un endroit de visibilité importante, au niveau du public bien sûr mais aussi des professionnels qui sont attirés par le FAB ainsi que la presse régionale et nationale. C’est vraiment important à mes yeux qu’un festival ne soit pas hors sol, qu’il s’appuie vraiment sur les forces vives du territoire et évidemment les artistes en sont des magnifiques.



Le but est, au travers de ce festival, d’essayer de sensibiliser les gens de tous horizons et tous âges à l’art contemporain. Par ce biais, placer une grande partie des spectacles en milieu urbain aide t-il à offrir une certaine accessibilité à l’art ?

Évidemment. Pour moi c’est un des but de ce festival, tout en montrant des artistes ancrés dans la réalité d’aujourd’hui, qui parlent du monde d’aujourd’hui avec des formes très contemporaines. L’objectif est de le rendre accessible au plus grand nombre, donc pour ça il y a plusieurs pistes : avoir une cohérence de programmation dans le festival, que les gens puissent s’y retrouver, retrouver une identité mais qu’en même temps il y ait une grande diversité d’esthétiques, de disciplines. L’autre point important pour ce décloisonnement du public ainsi que le fait de toucher un public large, c’est de travailler avec beaucoup de partenaires du territoire. Alors bien sûr des partenaires culturels mais aussi des partenaires du tourisme comme par exemple la Cité du Vin ou des partenaires de l’éducation comme des écoles, l’université, des partenaires d’autres champs comme le Fifib ou l’Iboat et puis évidemment l’autre point d’entrée pour toucher un public plus large et peut être un public qui a moins l’habitude d’entrer dans les salles c’est aussi d’aller à leur rencontre en proposant des spectacles dans l’espace public. Ils sont soit des rendez-vous programmés comme les bains publics qui dureront quatre jours, laissant un temps pour qu’il y ait une rumeur, que les gens s’en parlent, qu’ils amènent leurs amis, leurs familles ou alors des choses plus irruptionnelles dans la ville, que l’on peut croiser un petit peu par hasard comme par exemple la performeuse Kubra Khademi, qui fait les bonhommes piétons. Là, on va la croiser au fil de nos déplacements dans la ville. C’est important que ce soit gratuit. L’autre point très important pour cette diversité du public c’est le QG qui est en fait conçu comme un lieu de vie éphémère, pendant dix jours il y a un nouveau lieu de vie de midi à minuit, à bordeaux en plein centre ville, sur les quais, qui va avoir sa propre identité et qui va être un endroit où les gens fréquentant le festival se retrouvent ; les artistes, les pros, le public, pour pouvoir discuter des spectacles. Et puis, il y a d’autres gens qui vont venir pour le marché de créateurs ou qui vont venir juste déjeuner, voir un concert, et ceux-la vont aussi apprendre qu’il y a un festival et peut être qu’ils verront dans le programme quelque chose qui les attire, qui éveille leur curiosité. Cet endroit est aussi pour moi un lieu essentiel pour le brassage de différentes populations, pour éveiller le désir de gens qui n’ont pas forcément l’idée ou l’envie d’emblée d’aller dans une salle de spectacle.


Quelle importance cela a pour le festival de ne mettre en avant que des arts vivants comme le cirque, théâtre, musique, danse, performances etc…

Aujourd’hui, dans la création contemporaine il y a des artistes d’art visuels au sens large et des artistes de spectacles vivants. Mais il se trouve que dans la période où on est, les frontières sont très floues. Il y a beaucoup d’artistes issus des arts plastiques, comme Kubra Khademi, par exemple, qui est plasticienne. Elle a fait les Beaux-Arts de Kaboul et elle s’est mise à faire des performances, mais elle fait aussi toujours du dessin. Jan Fabre a une double activité, à la fois sur scène et une activité de photographe de sculpteurs et expose dans les plus grandes galeries du monde. Je pense qu’il y a vraiment des ponts très importants entre les arts visuels et les arts vivants notamment aujourd’hui car on est dans un moment d’hybridation des arts c’est à dire qu’on arrive souvent plus trop à qualifier si c’est du théâtre, de la danse, du cirque, des arts plastiques etc.. Les artistes, et tant mieux car c’est très beau à voir, s’expriment et leurs modes d’expression s’empruntent à toutes sortes de disciplines, sans étiquette, en disant juste « moi j’ai quelque chose à exprimer, je vais l’exprimer de cette façon là, ça sera peut être avec mon corps, peut être avec du dessin, de la vidéo, des arts numériques, de la parole etc.. » Mais cela va donner une forme qui va soit être visitée dans un musée ou dans une galerie, soit que l’on va expérimenter, car il y a beaucoup d’arts où on est aujourd’hui participant, qu’on va regarder en live, par exemple la performance. D’ailleurs en anglais on dit performing art indifféremment pour tout ce qui concerne le théâtre, la danse, pour re-qualifier la création contemporaine. Dans la danse contemporaine aujourd’hui, on est presque à la lisière avec le théâtre, les danseurs n’ont pas qu’un corps, ils parlent etc.


Infos pratiques :

Du 5 au 24 octobre 2018

Quartier Général FAB - De 12h00 à 00h00 :

Quai de la Grave

33800, Bordeaux



 

Emma Seintouil - 07/10/2018

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