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Rencontre avec Thomas Sappe à l'Institut Bernard Magrez

Dernière mise à jour : 13 févr. 2019


Jeudi 24 Janvier, par un temps gris semblable à certaines photos en noir et blanc, nous nous sommes rendus à l’Institut Culturel Bernard Magrez pour découvrir la résidence d'un photographe plus que talentueux, Thomas Sappe, Lauréat du Grand Prix Bernard Magrez 2017 et  Prix du public numérique, lors de son vernissage.



Thomas Sappe


Après s'être consacré à l'agronomie pendant une quinzaine d'années dans des  pays tropicaux (Madagascar, Namibie Cote d'Ivoire ou encore le Maroc), cela fait 3 ans maintenant que Thomas Sappe s'est tourné définitivement vers la photographie. C'est durant cette période qu'il adopte un regard photographique avec une démarche sociologique et culturelle. Son travail s'organise alors autour de deux axes : le premier étant l'univers professionnel - un monde paysan traditionnel stagnant - le deuxième étant les hommes dans l'industrie et les pays en croissance. À travers ces clichés, il nous laisse découvrir ses visions politiques et poétiques.


Quel a été votre parcours avant d'arriver au métier de photographe ?

Thomas Sappe : À la base, je suis ingénieur en agronomie tropicale et en parallèle depuis l'âge de 16 ans, je faisais de la photographie. J'avais ma chambre noire. J'ai également travaillé dans le monde rural dans différents pays en Afrique, et en même temps, je me suis servi de la photographie pour créer des liens avec les personnes avec qui je travaillais.


Qu'est-ce-qui vous a plu dans l'art de la photo et plus particulièrement dans l'argentique ?

À l'époque (rire), il n'y avait pas de numérique donc c'était l'argentique, le noir et blanc. Le principe c'est qu'on fait tout : on photographie mais on fait également les tirages. C'est un médium qui m'intéressait sur les questions de l'instantané. En réalité, je pense qu'il s'agit surtout d'une forme d'expression. J'aurais pu écrire mais c'était la photo le médium qui me correspondait le plus.


Donc avec l'argentique vous avez plus la sensation de créer qu'avec le numérique ?

Non ce sont deux terrains de jeux différents au contraire.


Vous touchez un peu au numérique du coup ou pas du tout ?

Oui. En fait, jusqu'en 2012 je travaillais toujours dans le monde rural et en 2006 une personne est venue me chercher et a commencé à exposer mes photos. Puis la photo a pris de plus en plus de place dans ma vie et en 2012 j'ai décidé de continuer la photo et d'arrêter le reste. À ce moment là j'ai acheté un appareil numérique et je suis allé jouer sur le terrain de jeu qui m'amusait beaucoup.


Donc peut-on dire qu'il y a un lien entre votre travail et la photo?

C'est plus que je faisais de la photo également et cela m'a permis de rencontrer des gens. Je travaillais avec eux et je faisais des photos aussi avec eux donc ça explique un peu le chemin. Il y a un truc très professionnel et très ludique. Il y a une volonté de rencontrer l'humain et c'est ce qui m'intéresse. Je fais très peu de photos de paysages, mon truc c'est vraiment les gens au travail. Il y a aussi un questionnement sur les cités et les endroits abandonnés.


Qu'est-ce-qui vous inspire chez l'humain ?

Il y a la position des gens dans la société, dans la vie, mais j'ai aussi pour intention d'aller sur d'autres thématiques sur lesquelles je travaille, qui se situent plus autour de l'inconnu.


Pouvez-vous nous en dire plus sur le départ vers l'inconnu ?

La série Escape ne sont que des photos prises sur le vif. Au Maroc, je travaille avec une population super jeune donc il y a toujours cette intention de partir. Le Maroc est enclavé, ce sont des gens qui sont fixés dans un seul pays. La question de la migration est très fréquente. Les gens sont curieux et se demandent ce qui se passe à l'extérieur. Après moi, ce qui m'intéresse toujours avec cette thématique de l'inconnu, c'est d'avoir une approche sur les migrants. Il y a un réel engagement de ma part mais je voulais y mettre un truc un peu plus posé, peut-être plus poétique. En fait, il y a ce qu'on connaît, c'est à dire d'où l'on vient et il y a l'instant où l'on décide de partir, et l'ailleurs, c'est ce que l'on connaît pas. Il suffit de le symboliser à chaque fois par un mur, un pont, une porte... juste cet instant là.


Et vous, quel est votre inconnu ?

C'est quelque chose que j'explore sous plein de formes. Dans les photos, ça peut être à travers le désir. J'ai tout un plan de travail sur de la photo de rue mais aussi un travail autour de la femme qui est beaucoup plus sur la sensualité et ses interrogations.      


Pour vous, vos photos sont-elles politiques ?

Oui, elles le sont. Il y a un engagement et la deuxième partie de l'exposition est un archivage de 5000 photos. C'est cet archivage qui s'appelle topographie.


Comment vous êtes-vous retrouvé à l'institut Bernard Magrez ?

En fait, il y avait un appel à la candidature en 2017 sur un projet ouvert à tous les artistes avec une thématique qui s'appelait Never Give Up et je me suis présenté avec la photo du bateau et du type qui escalade le mur. Ne jamais renoncer.  Et j'ai gagné le prix du public numérique. À partir de ce moment là, j'ai été invité par l'Institut pour présenter mon travail.


Comment qualifieriez-vous vos photos, quel sentiment cela fait-il naître en vous ?

Je pense que c'est une réelle forme d'expression. Moi j'ai besoin d'exprimer certaines choses et je le fais à travers mes photos. C'est un besoin, ma manière à moi de m'exprimer.


Quelle est votre photo préférée ?

Il y a vraiment une sorte d'ensemble, je n'ai pas de photo préférée. Il y a une cohérence d'ensemble..

Infos Pratiques :

Du vendredi au dimanche // 13h-18h

Adresse : 16 rue de Tivoli, 33 000 Bordeaux

Accès : Bus ligne 56 Express, Ligne 5, Ligne 6 et Ligne 29 - arrêt Parc Rivière Parking vélo à l’intérieur

 

Zoé Seguin I 12/02/2019

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