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Rencontre onirique avec Tamino au Rocher Palmer

Dernière mise à jour : 16 avr. 2019


Jeudi 7 mars 2019, dans la salle du Rocher Palmer, tous les cœurs vibraient ensemble, bercés par les émotions que nous offrait le concert de Tamino.


© Nico Pulcrano

Entre influences pop et orientales, c’est unanime, la musique de Tamino, maître du quart de ton, nous envoûte. Sa voix, oscillant entre aigus et graves ; une fois délicatement posée sur les intrus parfois rock, parfois folk ; donne naissance à des compositions mélancoliques, mais perlées d'espoir.

C’est sous les douces lumières et l’excellente sonorisation du Rocher Palmer, que le public découvre Amir, le premier album de Tamino, sorti le 19 octobre 2018 et regroupant des chansons écrites par l’artiste lorsqu’il avait 18 ans, à Amsterdam.


Une bulle de bien être, sécurisante et chaleureuse, se crée alors ; et nous nous retrouvons tous à chanter, à danser, et parfois même à pleurer ensemble ; transportés par ces mélodies aux airs célestes.

Et au milieu du concert, c’est avec humour que Tamino nous présente ses deux musiciens :

"Vic Hardy aux claviers, un homme très talentueux avec un savoir incroyable et Ruben Van Houtten, à la batterie, un homme tout aussi talentueux et super sexy en plus."


Juste avant de monter sur scène, nous avons rencontré Tamino, dans les loges du Rocher, pour une interview captivante !


© Nico Pulcrano

Salut Tamino, comment tu te sens avant un concert ? Est-ce que tu as des habitudes, un rituel, avant de monter sur scène ?

Euh pas vraiment, juste avant le concert j’essaie de rester loin de mon portable, je lis, je passe du temps avec les autres. Normalement j’ai déjà échauffé ma voix pour les balances donc j’essaie juste de prendre du bon temps. Pour moi, lorsque l’on monte sur scène, il s’agit vraiment d’être concentré. Mais je parle de "headspace", pas la concentration cérébrale. Et juste avant de monter, j’essaie de me débarrasser de tous les bruits sourds, pesants.


Est-ce que tu pourrais nous décrire ta musique ?

Oui, du moins je peux essayer. Je pense que c’est une musique qui vient du cœur. Quand j’écris, je ne pars pas d’un concept, c’est vraiment par rapport à si j’aime ce que je suis en train d’écrire, si j’ai envie de continuer, etc. Donc je dirais juste que c’est de la musique qui vient du cœur, c’est sincère, il n’y aucune autre motivation derrière sinon celle du plaisir. Globalement on peut dire que c’est de la musique mélancolique (bien qu’il n’y ai pas de mélancolie dans tous les titres), puisque c’est de la musique qui vent du cœur.


Dans ton album, il y a deux titres qui semblent, à la première lecture, contradictoires : Sun May Shine et Indigo Night. Tu es plus jour ou nuit ?

Ahah, je n’avais jamais fait le rapprochement. Tu vois ce « headspace » dont je parlais tout à l’heure, quand je suis en train d’écrire ? La nuit est meilleure pour cela car il n’y a pas de distraction possible : les gens sont rentrés du travail, ils dorment, je ne reçois plus aucun e-mail, personne ne m’appelle… Et puis, je pencherais plus pour la nuit aussi parce-que c’est sombre, parce-que la nuit porte en elle cette invitation à être créatif.

Le jour veut de toi que tu sois plus fonctionnel, alors que le soir est plus un endroit où l’on peut être dysfonctionnel et je pense que la créativité nait dans ces moments-là.

Mais j’aime aussi beaucoup le jour parce-que j’adore les couleurs (je n’en porte pas mais j’adore les voir autour de moi). Donc c’est une dualité...


Dans quelles conditions tu crées ta musique ?

Cela peut être n’importe quand, n’importe comment… J’imagine que c’est lors de moments où je suis totalement moi, où je n’ai pas, ou peu, de distraction. Et j’essaie de me mettre dans cet état de concentration (toujours le même « headspace »), dans lequel je ne pense plus trop à rien, dans lequel je me laisse aller et je vois ensuite où ça me mène. Je n’ai pas à être dans un certain « mood » pour écrire mes chansons, pour moi c’est le travail en premier, et l’inspiration en second, qui vient après. Donc je commence par prendre une feuille blanche, ma guitare, mon piano et ensuite c’est aléatoire : parfois quelque chose nait, quelque fois rien, ou alors quelque chose de mauvais. Donc il n’y a pas de « formule » en ce qui me concerne.



Quasiment tous tes clips ont quelque chose de très contemplatif, tu sembles aimer les belles images. Aurais-tu une scène de film ou un clip à nous recommander ?

Hmmm, j’aime trop de films pour ça ! Mais j’adore particulièrement Lars Von Trier, il a fait Mélancholia, Dancer in the Dark avec Bjork, Nymphomaniac, Antichrist,…

En terme de narration, c’est génial ce qu’il fait ! Mais j’aime aussi des choses plus « sauvages », comme Wes Anderson, sa symétrie, son style.


Dans ta chansons “Cigar” et plus particulièrement dans le clip, tu nous parles des réfugiés. Tu as même invité l’orchestre Nagham Zikrayat, composé de réfugiés Syriens et Iraquiens, à jouer avec toi ; est-ce que c’est un sujet important pour toi ?

Je suis conscient de ce qu’il se passe et ça me rend profondément triste, mais à la base on a enregistré avec eux surtout parce-qu’ils étaient de merveilleux musiciens. Au début je ne savais pas même qu’ils étaient des réfugiés, je ne l’ai su qu’après en discutant. Moi j’ai juste reçu cet email avec leur musique et ça m’a époustouflé.

C’est fou, certains d’entre eux ont tout perdu et gardent pourtant cette passion, cette gentillesse, et un grand sens de la générosité.


Penses-tu avoir trouvé ta voie, dans la musique ; ou penses-tu plutôt avoir encore du chemin à faire pour te trouver musicalement et évoluer ?

Je pense que j’apprendrai toujours. Je n’ai jamais eu ce fameux moment où j’ai crié "Eureka", où je me suis dit "ça y est c’est ça !". Tu sais tu peux passer tellement de temps sur un son avant d’en être pleinement satisfait.

Et si on parle de la voix, je pense que ma voix sera toujours liée aux chansons que j’écris. Je considère le chant comme une façon d’exprimer les chansons que j’écris et comme mes chansons viennent de moi et que j’évolue tout le temps ; je pense que non, je ne trouverai jamais cette voie musicale.

Cependant, je ne sais pas comment ma voix va évoluer en vieillissant. Si tu prends Léonard Cohen par exemple, sa voix à énormément, dramatiquement, changé en vieillissant (mais aussi surement à cause de l’alcool et la cigarette). Mais pour moi elle en est ressortie que plus belle.


Est-ce que tu pourrais nous citer une œuvre d’art qui a déclenché ta passion pour la musique ? Ou qui t’as touché profondément ?

Je pense que la musique vient toujours de l’intérieur. De l’urgence de faire quelque chose. D’ailleurs, je ne parle pas que de la musique en disant ça, au début je faisais plutôt des pièces de théâtre.

L’urgence de la création a toujours été là, en moi. Bien sûr que je m’inspire d’autres artistes, mais je n’ai jamais regardé quelqu’un en me disant « oh j’aimerais être cette personne ». Pour moi, c’est juste pour savoir où je suis par rapport au monde, j’aime bien savoir ce que les autres font, pour savoir où est-ce que moi je me retrouve.


© Andrew Smith

Tu sembles beaucoup voyager en tournée, quelle a été ta première impression de Bordeaux ?

On est déjà venus par-là, l’été dernier, pour le festival Vie Sauvage, avec la petite rivière c’était très sympa !

J’adore la France en général, quand on était petit avec mon frère on partait en vacances dans le sud de la France, là où la météo et le vin sont meilleurs qu’ailleurs !

Avant de faire de la musique de manière professionnelle, j’adorais juste venir en France et visiter. Maintenant, j’aime encore plus travailler ici, avec les Français, parce-qu’ on reçoit toujours beaucoup de passion ici. Les gens osent montrer leur passion, ce qui est très important pour les artistes sur scène. Je ne vais pas nommer de pays mais nous avons tourné dans des pays où les gens sont beaucoup plus réservés, plus timides dans le public et cela nous rend, nous aussi, timides sur scène du coup.


Tu sembles avoir une grande maturité musicale, mais tu as seulement 22 ans. Qu’est-ce que tu penses de la jeunesse actuelle ?

Je pense que la jeunesse sera toujours la jeunesse, que les choses qui sont actuellement dites sur nous sont les mêmes que celles qui étaient dites sur nos parents ; le fameux « Ah la jeunesse, de nos jours » ! Mais le développement de la jeunesse d’aujourd’hui est quand même particulier et très différent de ce que nos parents ont connu, notamment avec la technologie, les réseaux sociaux, etc. Par exemple, si tu es artisan, tu peux être fier de toi et penser que tu es le meilleur au monde ; sur les réseaux sociaux il y aura toujours quelqu’un de "meilleur" que toi. En plus, il ne sera pas forcément le meilleur, mais tu vas penser qu’il est meilleur, parce-que dans ce jeu des réseaux sociaux, on ne montre que notre bon côté, nos meilleurs moments, etc ; ce qui, je pense, est très très délicat. Quand tu es adolescent, tu es très sensible, ton corps change, tu te sens confus, tu réalises que la vie n’a pas de sens mais que tu vas devoir en trouver un quand même, etc, et donc quand tu ne vois que du glamour, du positif partout, je ne pense pas que ce soit très bon pour la santé.

Notre génération est en plein dans ça et je pense que ça va empirer. La dépression chez les jeunes n’a jamais été aussi haute que de nos jours, c’est un fait. Voilà, pour moi dans nos cultures occidentales, c’est le problème majeur ; sinon, à part ça, on est jeune, c’est cool !


Avec quel artiste aimerais-tu partager la scène, mort ou vivant ?

Tellement… Peut être Hamza El Din, il vient du sud de l’Egypte. Il est mort maintenant mais c’était un chanteur et un joueur de oud exceptionnel ! Je ne sais pas si j’aurais voulu jouer juste avec lui ou avec son groupe, mais les deux auraient été cool, c’est une légende !


© Nico Pulcrano

Peux-tu nous citer 3 musiques que tu écoutes en ce moment ?

Oulah j’en ai tellement que je dois aller voir mon Spotify !

Bob Marley, Her (le groupe français), Iceage (c’est un groupe de punk, Danois et le chanteur a les plus beaux lyrics de notre génération), Léonardo Cohen, Stromae (j’écoute beaucoup Défiler en ce moment), H.E.R (la chanteuse américaine), Vivaldi, Bob Dylan, Adrianne Lenker, Björk bien sur…

Voilà ce que j’écoute. C’est marrant, les gens ont souvent un a priori de moi selon lequel je n’écouterais que de vieux vinyles, seul dans ma chambre, ahah ! J’ai beaucoup de facilité à aimer une musique, ou un artiste. Si c’est bon, j’aime. Et pour moi “bon” veut dire si c’est sincère, si ça vient d’une bonne intention, du cœur.


Peux-tu nous parler de tes futurs projets ?

J’écris tout le temps mais en ce moment c’est surtout la tournée. Tout mon temps et mon énergie vont dans les concerts. Mais l’album est sorti en octobre, il est encore tout neuf et il y a encore beaucoup de façon de l’explorer je pense.


As-tu quelque chose à ajouter ?

Juste merci à vous, c’était parfait !


Nous tenons à remercier Tamino pour ses mots et son temps, le groupe entier pour ce beau concert, l’équipe du Rocher Palmer qui nous a accueillis ainsi que Hugo Bourbon, avec qui nous avons réalisé l’interview.


Nous vous conseillons de filer réserver vos places, d’écouter et ré-écouter cet album magnifique et vous souhaitons un merveilleux rêve musical !


 

Julie Vertut | 16.04.2019

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