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Rivages & Vertigo Sea : la Base sous-marine se transforme en boîte noire

Dernière mise à jour : 30 juil. 2019

Après l’exposition D’un soleil à l’autre, dont on vous parlait récemment, la Base sous-marine de Bordeaux a ré-ouvert ses portes pour une exposition diptyque dans le cadre de la saison culturelle Liberté ! Avec les créations des deux artistes Harry Gruyaert et John Akomfrah, embarquez pour un voyage contemplatif avec les expositions Rivages et Vertigo Sea, jusqu’au 22 Septembre!

Vertigo Sea par John Akomfrah : entre contemplation et réflexion

Pour l’exposition Rivages et Vertigo Sea, deux artistes ont investi les immenses murs des espaces colossaux de la Base, héritage de la Seconde Guerre Mondiale.

Tout d’abord, on découvre Vertigo Sea, projection de 48 minutes de l’artiste et réalisateur ghanéo-britannique John Akomfrah, présentée pour la première fois lors de la Biennale de l’Art Contemporain de Venise en 2015.

Projeté sur trois grands écrans, Vertigo Sea est une projection en plusieurs « chapitres », comportant différents messages : la mer nous y est présentée dans son entièreté (on ne saurait dire s’il s’agit des Caraïbes ou du Pacifique), et on réalise qu’une certaine violence persiste dans la relation de l’homme aux animaux, accompagnée en voix off, d’histoires vraies qui sont symptomatiques de la mainmise de l’homme sur la Terre.

On notera le parallèle formé entre la permanence de la terre et de l’océan et l’impact de l’homme sur ces deux éléments naturels, alimenté par de nombreuses séquences révélant certaines violences. Des violences humaines d’abord, avec des références à l’esclavagisme et à la colonisation (plans sur des portraits aux regards forts, références à la guerre d’Algérie), mais aussi des violences écologiques, en dénonçant par exemple la chasse à la baleine.

Vertigo Sea par John Akomfrah

Bien que la vidéo rassemble des archives datant de la seconde moitié du siècle des lumières à nos jours, ce qui est particulièrement frappant réside dans la résonance que Vertigo Sea garde aujourd’hui avec l’actualité en soulevant la question des rapports de forces de l’humanité à l’océan (bateaux de migrants, corps gisants dans la mer, chasse à la baleine…).

En plus de cela, les pleins écrans de bleu klein, ou encore l’utilisation du noir et blanc, permettent de former de nombreux contrastes visuels, amplifiés par les contrastes sonores (silence/sons/calme…), nous amenant à la réflexion sur ces sujets, mais aussi à la contemplation de cette vidéo à l’esthétique hypnotique.

Harry Gruyaert, révélateur de poésie visuelle

Lieu chargé d’histoire, la Base sous-marine accueille dans une seconde partie une cinquantaine de photographies de Harry Gruyaert, photographe de l’agence Magnum et pionnier de la photographie couleur en France.

On découvre alors une sélection de photographies de « rivages », avec pour fil rouge constant, une ligne d’horizon percutante, généralement mise en valeur par un cadrage et une lumière particulière qui forment différents espaces (symétrie, reflets) dans l’image.

Même si tous ces clichés, réalisés lors de nombreux voyages autour du globe, présentent tous des scènes contemplatives (bribes de vie, captures d’instants poétiques…) on comprend que le photographe ne travaille pas mécaniquement mais réellement « à l’instinct », en recherchant la singularité des paysages, des pays, et de la lumière.

On dit de l’artiste Harry Gruyaert qu’il est un véritable « coloriste », ce qui se retrouve dans cette série tant la restitution des couleurs qu’il nous donne à voir est hypnotique. Avec ça, l’artiste pose la question de l’art de la photographie documentaire, domaine très développé avec l’agence Magnum et dont il est un véritable pionnier, d’abord à l’argentique des années 80 à 90, et plus récemment avec le numérique.

Certaines photographies sont prenantes et capturent nos regards : comment un cliché photo en grain, dont la texture, mêlée à la lumière, semble presque pixels, peut devenir si net, tendant à nous rappeler les paysages impressionnistes du XIXème ?

En plus de Rivages, vous pourrez également retrouver un prolongement de l’exposition de Harry Gruyaert à la galerie Arrêt sur l’image qui présente 20 clichés supplémentaires de la série “Bordeaux vu par Harry Gruyaert”, commande publique que l’artiste a réalisé pour la capitale girondine en 2018.

L’exposition Rivages et Vertigo Sea de Harry Gruyaert et John Akomfrah est une véritable invitation à un voyage hypnotique, par son esthétique visuelle mais aussi face aux réalités climatiques, humaines et humanitaires qui nous entourent aujourd’hui.

Cliché de la série Rivages par Harry Gruyaert

Infos pratiques :

Exposition jusqu’au 22 septembre 2019

Base sous-marine, boulevard Alfred Daney,

33 000 Bordeaux

Tram C : place Ravezies, puis ligne 9 : arrêt Latule.

Tram B : La Cité du Vin, puis ligne 32 : arrêt Latule.

 

Luna Salanave  | 30/07/2019

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