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À la rencontre de Whiskey Paradis

On est parti à la rencontre de la chanteuse et compositrice américaine originaire de Seattle, Whitney Anne Fiss, femme du monde au vu de sa traversée dans toute l’Europe, qui débarque sur la scène musicale mondiale, française et surtout bordelaise à travers la sortie de son projet Whiskey Paradis.

© Claire Chavenaud

Découverte d’une perle rare…

Whitney Anne Fliss habite en Dordogne, elle ne quitte plus ce paysage français qu’elle affectionne. Parce qu’à la différence des Etats-Unis, nous dit-elle, les gens se disent bonjour en se faisant de petits bisous sur les joues, qu’ils sont toujours attablés en terrasse à profiter des moindres rayons du soleil et que l’on n’a pas besoin de toujours se déplacer en voiture. Elle arrive avec un projet musical, « Whiskey Paradis », de Rock Vintage & Soul que l’on a adoré. Une vraie pépite d’or on vous l’affirme! Elle et ses musiciens (Laurent Besch, Anthony Picard et Clément Denis) enflammeront le dancefloor du Quartier Libre à Bordeaux ce 14 avril avec son EP déjà à l’écoute depuis le 9 avril. Les fans d’Etta James, Wanda Jackson, Ray Charles & Amy Winehouse ne pourront que vouloir l’écouter en boucle. Femme inspirée et inspirante on l’a agréablement rencontré au Chat Noir Cha Vert dans le quartier de Saint-Michel et on a décidé de vous partager ce merveilleux échange:


La musique & elle

Qu’est ce qui t’a donné envie de faire de la musique ? Depuis quand t’es-tu lancée dans le monde de la musique ? Quel rapport entretiens-tu avec elle ?

C’est grâce à mon père surtout, il était très fan de blues et de jazz, il avait une grosse collection de disques chez lui et la musique tournait 24h/24 avec la radio toute la nuit. Il voulait être musicien mais il ne l’a jamais fait et donc c’était à moi de l’être. Il m’a acheté un saxophone lorsque j’avais 8 ans, j’ai commencé avec ça et j’étais dans l’orchestre de mon école primaire. Mais je voulais chanter et jouer en même temps, ce qui n’est pas possible avec le saxophone alors j’ai choisi le piano.


À 16 ans, il m’a trouvé une prof de piano blues et elle m’a beaucoup appris, c’est grâce à elle que je me suis intéressée aux vies d’artistes et au métier de musicien. J’ai commencé à écrire à cet âge-là mais entre-temps j’étais quand même plus engagée dans le théâtre et la danse. J’ai été à la fac parce que je me disais que la vie d’artiste ça n’allait pas plaire à ma mère mais ça n’a pas vraiment fonctionné pour moi. Quand je suis sortie de l’université je faisais partie de plusieurs troupes de danse, de théâtre, de clown et je me suis dit que j’avais envie d’y mettre ma musique. C’est à partir de ce moment-là que j’ai commencé à m’identifier en tant que chanteuse-musicienne.

© Kathleen Missud

La vraie aventure avec la musique à plein temps ça a été en 2011, je suis partie pour faire des spectacles de rue avec une amie qui, au départ, était en Espagne pour être professeure d’anglais mais elle était aussi circassienne, elle jouait avec le feu, elle gagnait 200 euros par nuit et elle m’a invité à la rejoindre et à faire comme elle. Sauf que jouer avec le feu ce n’était pas trop mon truc mais j’avais un accordéon, je savais jouer, alors je l’ai rejoint et on a fait un spectacle de rue toutes les deux. Depuis que je suis toute jeune j’écris des chansons, je garde mes cahiers de mes dix dernières années. J’adore les gens qui écrivent parce que quand j’entend des paroles qui me touchent ça me donne envie de faire ça pour les autres, j’ai envie d’écrire mon histoire pour que ça fasse ricochet, pour faire sentir au gens qu’ils ne sont pas seuls, qu’on ressent ou que l’on vit les mêmes histoires.


Comment définies-tu ton style musical ?

On appelle stylistiquement notre projet de Whiskey Paradis, Rock & Soul. Dans ma démarche artistique personnelle, je cherche à jouer du country soul, un peu comme du rock vintage. Je jouais beaucoup de folk américain aussi. Dans Whiskey Paradis il y a du soul Rnb, du rock à l’ancienne, du gospel, un peu de blues et de la folk américaine.


Ton instrument préféré et pourquoi ?

J’ai envie de dire que la voix est mon instrument préféré. Les instruments ne sont que des outils pour m’accompagner. Le chant c’est une espèce de massage intérieur, ça vibre et je me sens tellement libérée avec cet instrument. Par exemple, lors d’une soirée où l’on jouait dans un bar, un groupe de sourds étaient là. Et eux, ils écoutaient la musique en touchant nos instruments ou nos cordes vocales. Un sourd touchait à la fois le violon de mon amie et mes cordes vocales pendant que je chantais. C’était une expérience incroyable qui a aussi été très déterminante et qui m’a donné envie d’écrire un album.

Comme tu as énormément voyagé, est-ce que tu envisages de faire des chansons dans d’autres langues (comme en français par exemple) ou tu comptes rester fidèle à l’anglais, ta langue natale ?

Oui, j’aimerai beaucoup écrire en français. J’habite en France depuis cinq ans et j’arrive à un niveau de langue où je me sens assez à l’aise pour m’exprimer. Les gens qui m’écoutent me disent depuis qu’ils aimeraient avoir des chansons en français. J’écris déjà souvent instinctivement en français dans mes carnets. Ces deux dernières années, j’avais tellement mis toute mon attention dans ce projet de Whiskey Paradis que je n’ai pas trouvé le temps de me reconnecter à la musique et au temps créatif entre les mails, les appels, développer son image… mais oui, des chansons en français je sais que je vais en écrire et plein!


Les 3 choses que tu dois toujours emporter avec toi, quelles que soient les circonstances…

Ohh…Mmh.. une grande gourde d’eau ahaha, mon cahier Moleskine, bon… j’aimerais bien être original mais non, le tabac c’est bien en troisième position aha.


Autour du projet

Peux-tu nous en dire un peu plus sur l’histoire de ton EP, sur ce qui t’a inspiré, sur ce qui t’a donné envie de te lancer ?

L’EP a d’abord était un album où j’ai décidé que l’on ne sortirait que cinq titres. C’est surtout grâce à mes rencontres et aux gens qui ont eu envie de m’aider à sortir cet album que j’ai pu y arriver. J’avais commencé Whiskey Paradis depuis pas mal de temps mais les premiers sons n’étaient pas exactement comme je les voulais. Grâce à Slowfest, une association de groupes à Bordeaux, j’ai trouvé des compositeurs, des gens qui ont bien voulu m’aider à transformer ces titres. Sortir un album me paraissait être un grand et lourd projet, presque inatteignable mais j’en avais envie car pour moi, comme un peintre qui produit un tableau, je devais produire un EP. C’est concrétiser ma vie d’artiste.


Tes premières sources d’inspiration ?

Il y a deux nanas américaines très fortes en country blues moderne que mon père écoutait beaucoup. Avant elles, il y avait des stars de jazz que tout le monde connaît comme Etta James, Ella Fitzgerald, Billie Holliday mais Lucinda Williams et Susan Tedeschi non et pourtant elles sont aussi incroyables. Je suis fan de tout ce qui est classique soul, la musique de la fin des années 50, 60 comme Ray Charles, Etta James comme je l’ai déjà dit. J’écoute toujours et tout le temps Johnny Cash et Ella Fitzgerald.


Mais c’est surtout une amie de Seattle que je considère vraiment comme une mentor pour moi. Elle avait déjà sorti deux albums, elle jouait dans un groupe de bluegrass folk (The Annie Ford Band). J’allais la voir jouer tous les mercredis en sortant de la fac. Dès qu’elle a sorti son premier album je l’écoutais en boucle, j’étais très touchée par ses morceaux et sa musique. On s’est retrouvé, elle et moi, dans un bar et j’ai été un temps comme une journaliste, je l’ai bombardé de questions, sur comment elle avait fait son album, comment elle était arrivée jusque là, est-ce qu’elle avait vécu ce qu’elle disait dans ses morceaux ou si ce n’était que dans son imagination… J’étais en totale admiration et à partir de là j’étais sûre de vouloir poursuivre la même voie et faire pareil.

© Kathleen Missud

Est-ce que tu as des histoires à nous raconter autour de certaines chansons ? Je pense notamment à l’étrange et merveilleuse histoire de « Cherokee Rose » ou de « Country » par exemple.

J’adore l’histoire de Cherokee Rose, ça reprend l’histoire de ma grand-mère qui a rencontré son (futur) mari en braquant le magasin de ses parents. Il y a toute une légende autour de la rencontre de mes grands-parents du côté de mon père, je n’ai jamais eu vraiment plus de détails sur l’histoire. Elle était orpheline, elle avait des racines amérindiennes (autour des années 1900 les amérindiens étaient toujours en esclavage), elle a surement du être volée ou vendue et sa famille adoptive était des contrebandiers.


D’où le côté « Whiskey » tandis que « Paradis » c’est plus du côté de ma mère, car mon arrière grand-père ainsi que ses huit frères étaient réparateurs d’église.

Country parle de frontières, des réfugiés politiques, c’est un appel de paix et d’amour dans le monde. C’est aussi ça le rôle d’artiste je trouve, je veux montrer que l’art donne de l’espoir et du plaisir.


Quand vas-tu te produire sur scène de nouveau ? à quelle adresse bordelaise ? C’est quoi le programme?

Alors le 14 avril au Quartier Libre à Bordeaux, je vais aussi me produire à Limoges. J’avoue être un peu stressée car avec le covid nous n’avons pas pu vraiment nous entraîner, on n’a pas pu jouer sur scène avec Whiskey depuis fin septembre l’année dernière. La saison d’été était aussi très légère, on n’a eu que cinq dates à cause du covid mais on n’est prêt ! J’ai hâte de jouer, de voir l’échange qu’il va y avoir entre nous et le public. J’aimerais beaucoup jouer de plus en plus dans le coin, à Bordeaux, je cherche une maison d’artistes ou de production en ce moment et je vais certainement jouer dans des guinguettes.


Le son que tu as préféré réaliser, celui qui t’a le plus enjoué, celui qui te tenait le plus à cœur ?

Mmmh… mes préférés sont Cherokee et The Elements pour le côté dansant, groovy, j’ai envie que les gens sentent la joie qu’il y a dans ces morceaux. Et Cherokee parce que j’ai envie de raconter cette fabuleuse histoire de ma grand-mère mais aussi parce que j’adore le far west et les westerns (regardez Deadman!) et du coup pour moi c’est drôle de mélanger le rnb soul hip hop avec le western, ça ne se fait pas beaucoup et moi je veux le faire haha.

Tu as quitté Seattle, ta ville natale, pour partir dans une aventure de cinq ans en Europe. En ayant parcouru le monde entier avec ton accordéon tu dois bien avoir une petite anecdote musicale à nous raconter non ?

Oh oui ! J’ai joué dans la rue en février à Berlin et j’ai rencontré un groupe de jazz qui m’a adopté, on faisait la manche dans les cafés-bars, ça se faisait beaucoup là-bas. Tout le monde est posé en train de boire, tu arrives et tu demandes au bar qu’il éteigne la musique et tu peux jouer quelques morceaux. Puis tu fais tourner ton petit chapeau et tout le monde donne.


Autre histoire inattendue : au début de ces cinq ans, quand j’étais en Italie, j’ai rencontré un groupe d’italiens qui avaient une pizzeria et ils voyageaient avec cette pizzeria au niveau mondial. Ils ont attrapé la maladie des festivals et ils avaient envie d’aller à un festival d’électro en Australie alors ils nous ont invité et je me suis dit pourquoi pas. J’ai dépensé presque tout mon argent dans ce billet allé, sans retour, et c’était magique. On était bénévoles, on les aidait à construire la pizzeria et lorsqu’ils ont couvert tout leur frais, ils donnaient ce qu’ils pouvaient aux bénévoles. Mais toute la semaine je n’avais pas fait beaucoup de pizza, j’étais surtout devant la pizzeria avec mon accordéon et ils m’ont offert 1000 $ australien. Je ne comprenais pas, je ne voulais pas de cet argent car je ne les avais pas vraiment aidé et ils m’ont dit que si, parce que j’avais ramené des gens à être là, devant, avec mon accordéon. C’était beau. J’y suis retournée avec mon groupe tous les ans pendant ces 5 ans. On faisait la fête, on rencontrait des artistes, on gagnait un peu d'argent, c'était super. L’Australie me manque déjà, j’ai envie d’y retourner…


Ce que tu as toujours en tête quand tu composes c’est… ?

Je pense souvent à une artiste australienne quand j’écris. Elle s’appelle Mojo Juju et son groupe c’est The Snake-Oil Merchants. Je me pose toujours la question du type : « qu’est-ce que je peux écrire pour que ça m’aide moi personnellement ? ». L’écriture est une véritable thérapie pour moi. Je suis seule avec moi-même, sans musique, sans bruit autour, sur ma table. Je médite avant d’écrire, pour me calmer de toutes les pensées qui arrivent à vitesse grand V. Il y a beaucoup de musiciens qui écrivent la nuit mais je suis plus du matin.


Concrètement, quelles histoires souhaites-tu raconter avec ton EP Whiskey Paradis ? (qui comprend 5 titres : « Angela », « Cherokee Rose », « The Elements », « I Believe » & « Country ».

J’ai envie de parler d’amour, de la nature qui m’inspire beaucoup (mon père était guide d’escalade), tout est là dans la nature, c’est la beauté de la simplicité. Sinon mes mots d’ordre sont « truth, beauty, freedom and love » ce sont des sujets que l’on retrouve dans tous mes morceaux.


 

Elise Colle-Luec I 06.04.2022

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