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Black Bass Festival 2023 : la 9e Edition a encore fait trembler les marais !

Le week-end du 25 et 26 Août dernier, nous avons passé deux jours en immersion au Black Bass Festival. Entre découvertes musicales et grands moments de rencontres, nous avons été charmés par cet événement un peu « comme à la maison » dont les shows n’ont pourtant rien à envier aux plus grands. Retour sur ces deux superbes journées et sur une rétrospective insolite gracieusement offerte par Thibault, le fondateur de l’association Créatures des Marais et du Black Bass Festival ;

© Black Bass Festival

Une organisation parfaitement huilée


À notre arrivée sur le domaine de Lapaillerie, nous avons bien senti que nous venions de poser le pied dans un univers fantastique. C’est un petit site, un festival à taille humaine, une bulle d’énergie cachée à l’abri des arbres.


Tous les festivaliers savent qu’en général, il faut faire la queue au parking, au camping, à l’entrée, à la buvette, aux toilettes… Au Black Bass, sachez qu’il est possible de se garer, de planter sa tente de passer au merch et de se faire servir à boire avant le premier concert en moins de trente minutes (et pour seulement 35 Euros le pass deux jours)! Les 120 bénévoles de l’association ont fait de la satisfaction client leur cheval de bataille, leur priorité n°1, et le résultat est là. Neufs ans que le festival perdure et on croise dans la foule autant d’habitués que de nouveaux venus tous conquis par l’expérience humaine et le climat détendu qu’offre le Black Bass Festival.

© Black Bass Festival

Il faut dire aussi qu’on mange bien au Black Bass et, encore une fois, sans trop d’attente. Les partenaires restaurateurs sont efficaces en plus d’être d’excellente humeur et le stand BBF Food offre des options simples et vraiment bonnes ! Les vins de Blaye sont au rendez-vous et on ne parlera pas de la Cuvée des Trolls aussi délicieuse que vicieuse ! Ici, c’est comme à la maison pendant une énorme fête de famille. Pour les festivaliers comme pour les groupes, c’est « venez comme vous êtes », une philosophie qui tient à cœur aux bénévoles et qui créer un solide lien de proximité entre tous. Le partage, la tolérance et l’esprit « bon enfant » règnent en maîtres. Les gens discutent facilement et les bénévoles de l’association ont le cœur sur la main.


Ce festival « petit moyen » comme le dit Thibault, est un bon plan qui se transmet beaucoup par le bouche à oreille. L’esprit indé du festival et sa programmation attirent une majorité de réels amateurs de musique de tout âge, venus aussi bien en famille, en couple ou entre amis. Ici, le respect est maître mot. Si les pogos et les wall of death peuvent susciter quelques préjugés, sachez que si quelqu’un vous fait accidentellement tomber, ils seront 15 à vous relever ! Un grand respect de la nature et de l’environnement également, rien ne traîne par terre et les déchets sont même correctement triés.

© Black Bass Festival

Dans le vif du sujet


Au Black Bass, pas besoin de faire de choix. Les deux jours de festival comptent en tout dix concerts et aucun ne se déroule en simultané. La présence de deux scènes permet un roulement confortable pour les techniciens et une expérience sans ventre mou pour les festivaliers.


La 9e édition s’est ouverte cette année avec Fragile, qui n’a de Fragile que le nom. Si les artistes et leur carrière sont tout jeunes, ils nous ont tout de suite plongé dans l’ambiance grâce à leur prestation énergique et leur incroyable présence dans l’interprétation. Tendance confirmée par Fatima, ici les artistes sont généreux. Ils donnent tout. Et si vous n’aviez pas entendu parler d’eux avant d’arriver, il est plus que probable que vous repartiez conquis avec la conviction d’avoir fait de belles découvertes. Sur scène, il règne une ambiance aussi conviviale que dans la fosse. Les artistes aiment discuter avec le public et se montrent détendus et joviaux et offrent des concerts intimistes. Arthur Satàn nous a offert son seul show de l’été, une prestation très technique dont on pouvait respirer le talent avant de basculer dans l’univers punk et déjanté des Lambrini Girls puis de clôturer cette première soirée avec Cave In.

© Black Bass Festival

Si la première journée avait profité d’une météo agréable, l’ouverture des portes s’est faite sous la pluie pour ce samedi et pourtant la tendance n’était pas au maussade avec l’incroyable show de Clavicule. Pour le second concert de cette journée, Stuffed Foxes a débarqué avec pas moins de trois guitaristes, un batteur, un bassiste et un claviériste ! Sasquatch qui les ont suivis n’étaient que trois et pourtant, ils savaient occuper l’espace. Un très bon concert de stoner qu’il a fait bon suivre au premier rang. Demob Happy, dernier concert avant la petite pause Karnajoké, nous a contaminé avec l’entêtant riff de Voodoo Science que l’on ne sait toujours pas se sortir de la tête. S’il y a bien une chose que l’on a pu constater, c’est que chaque groupe à son style et sa propre signature. Tous les festivaliers peuvent y trouver leur compte. On a bien fini par oublier la pluie, d’ailleurs je serais incapable de dire quand elle s’est arrêtée !


Les artistes partagent volontiers leurs expériences autour d’une bière. On a mis un peu de temps à capter le truc mais une fois qu’on a eu compris, on ne s’est pas privé ! Les artistes qui jouent sur scène vous retrouvent au merch après leur concert pour vendre eux même leurs albums, t-shirt et autres goodies. Ce qui nous a mené à partager une bière avec Alexis, le batteur de Clavicule, et à bafouiller quelques mots d’anglais avec Sasquatch et Demob Happy. Habitués aux festivals de plus grande envergure, il ne nous avait jamais paru aussi simple de rencontrer et partager avec les artistes. On en ressort avec la sensation d’avoir vécu quelque chose d’unique, d’avoir pendant quelques heures, vécu notre passion de manière complètement décloisonnée. Une proximité et une simplicité qui séduit par-delà les frontières de la Gironde. A la fin du week-end, tout le monde se remercie. Les groupes, les bénévoles, les festivaliers… C’est ce triangle de réciprocité à toute épreuve qui fait la force de ce festival.

© Black Bass Festival

Rockstar d’un soir


C’est non sans curiosité que nous nous sommes dirigés vers la scène à la fin du concert de Demob Happy. Le Karnajoké faisait son grand retour cette année, présenté par le nouveau Mr Loyal qui n’était autre que le vainqueur de la dernière édition. Il était l’heure pour le Black Bass de sortir les gros moyens : un bon vieux rétroprojecteur et une dizaine de pistes dont les clips ont été amoureusement fait mains par nos bénévoles. Le principe est simple, deux chanceux sont tiré au sort dans le public pour venir enflammer la foule sur un couple de chanson et tenter de gagner un bon de 50 euros chez Fred le disquaire. Et ça marche. Les participants sont tous plus déchaînés les uns que les autres (qu’ils connaissent les paroles ou pas d’ailleurs !) et le public chante en chœur. De quoi, une fois de plus, offrir une expérience unique et également permettre à l’équipe du BBF de remercier leurs partenaires qui ne sont autres que les membre du jury du Karnajoké.


L’histoire du Black Bass racontée par Thibault :

de l’authenticité, de l’audace et du courage


Quelques jours après la fin du Black Bass Festival, nous avons rencontré Thibault, son fondateur, avec qui nous avons pris un petit cours d’histoire qui nous restera gravé en mémoire.

« Tout est parti d’un 'Et si' entre copains, lors d’un week-end dans une cabane de pêche dans ces marais. Après quelques verres, on a tous des idées comme ça : ouvrir un bar avec les potes, ou tout plaquer pour partir vivre au Chili. Le lendemain, on a mal à la tête et puis on oublie. Pourtant, le 'Et si on créait un festival rock/métal ici' est resté. »


© Crédit Photo (à droite) : Corinne Couette / Black Bass Festival


Comme quoi certaines idées ont du génie, et pas que ! Quand l’histoire de la tout première édition du Black Bass nous a été offerte, nous avons pu saluer l’audace d’une bande de copains qui, malgré tous les obstacles, a fait preuve d’une détermination sans faille.

« Quand on s’est décidé, on avait vraiment beaucoup d’idées, mais aucune expérience dans le domaine. On s’est retrouvé à passer une incalculable série de coup de fil jusqu’à tomber sur un intermittent du spectacle qui nous a partagé beaucoup de son expérience et qui nous a offert son énergie. Puis, il a fallu trouver un lieu qui ne soit pas inondable, pas incendiable, qui plaise aux gendarmes, qui plaisent aux pompiers, à la préfecture, qui ne mette pas en péril une quelconque espèce d’oiseau rare et protégée… Autant dire que ça n’a pas été une mince affaire. Puis s’en est suivi toute une liste de dépenses abstraites qu’on n’avait pas vraiment anticipé. Rien que le traitement des déchets des toilettes sèches représente un budget considérable. On avait à peu près trente mille euros pour ce premier festival et pour donner une idée, l’édition de cette année en représente cent trente-quatre mille. »


« Si ça parait énorme, on peut se dire qu’avec le budget d’un seul Hellfest, on pourrait organiser le Black Bass tous les ans jusqu’en 2500 environ. Du coup, chaque nouvelle dépense imprévue a été un énorme coup dur qui a remis en cause l’aboutissement du projet. À la toute fin de l’organisation, on nous a même demandé de faire venir un bureau d’étude pour vérifier que les vibrations des amplis ne feraient pas s’écrouler la maison. Heureusement, un architecte touché par notre histoire nous a prêté main forte, sinon la facture se serait signée d’un montant à quatre chiffres. »

© Black Bass Festival


« Les premiers bénévoles, c’était ma famille et mes amis. Pour le montage, chacun a appelé dix copains et on s’est retrouvé à 80 pour le montage de la première édition. C’était vraiment de la débrouille, et à chaque étape clé, on avait le doute de savoir si tout allait vraiment pouvoir se faire ou non. Au premier jour de montage, l’électricien, connaissance d’une connaissance d’un ami, nous attendait de pied ferme, l’équipe était au rendez-vous et au complet. Premier soulagement. Puis, quand au bout d’une semaine on a fait les essais lumière, tout est passé d’abstrait à réel. C’était une sensation indescriptible. Au soir du premier jour, il nous restait à savoir si les gens allaient venir ? Et les gens sont venus. On était 1400 personnes, c’était incroyable. Ça avait marché ! »


Depuis cette première, le Black Bass a également laissé quelques souvenirs indélébiles à Thibault et à l’équipe des bénévoles. Il nous a confié, dans l’ordre, le pire et le meilleur qui lui soit arrivé au cours de ces neuf éditions.

« On a souvent frôlé la catastrophe au Black Bass ! (Rires) Mais on s’en est toujours bien sortit jusqu’à maintenant (Touche du bois). Je pense que le plus désagréable c’est quand ça se passe mal avec les groupes. C’est rare mais ça arrive malheureusement. Sinon, pour rester dans le rigolo… Un chanteur introuvable à 5 minutes de monter sur scène. Un groupe perdu dans la campagne alors qu’ils jouaient une heure plus tard… Ou le pire… Dans nos contrats avec les groupes, quand ils arrivent à l’aéroport de Mérignac ou à la gare de Bordeaux, on s’engage à aller les chercher pour ceux qui ne viennent pas directement avec leur véhicule. Une agence de production nous a appelé un soir, à peu près à l’heure de l’apéro, pour nous dire que le groupe était arrivé, qu’ils attendaient qu’on vienne les chercher à Roissy Charles de Gaulle… On en a eu pour trois bonnes heures d’angoisse mais on a quand même réussi à trouver une solution ! »

© Black Bass Festival

« En ce qui concerne le meilleur, hormis la première édition, c’était un jour où on a ENCORE frôlé la catastrophe. C’était la 3e édition, on recevait, comme d’habitude, un super groupe français, qui avait déjà pas mal tourné et qui avait la particularité d’être éleveur de canards toute l’année et rockstar le reste du temps. Au merch, ils vendaient leurs boîtes de cassoulet c’était assez incroyable (Rires). Le festival était sur groupe électrogène à l’époque et, en plein milieu de leur concert, tout pète. Plus de son, plus de lumière, le public dans le noir complet… Notre électricien, le même qu’à la première édition, était électricien du bâtiment, non pas du spectacle. Et oui, il y a une différence que nous ne connaissions pas à l’époque. Sans savoir si ça allait fonctionner, une goutte de sueur sur le front, il a relancé le groupe électrogène. Donc ça met bien dix minutes à se relancer un groupe électrogène… Pendant tout ce temps, on a imaginé le pire. Devoir évacuer le site dans le noir à la lampe torche (je ne savais même pas si on avait des lampes torches !) faire face aux mécontentement des festivaliers alors que ce n’était que notre 3e édition… ça aurait pu nous tuer, vraiment. Et pendant tout ce temps, le groupe a tenu le public, sans lumière, sans micro, sans rien… Et finalement le groupe électrogène s’est relancé et le festival a pu continuer. Et ce qui est drôle c’est que les habitués se souviennent tous de ce moment comme d’un bon souvenir, une expérience insolite mais en rien désagréable… On a vraiment un super public. »


« Je pourrais aussi parlé de l’édition de 2021 aussi. On était en post covid avec des obligations de demi-jauge. Beaucoup de festival avaient pris le parti de ne simplement pas rouvrir. Nous on l’a fait, avec la demi-jauge. Ça fait un public d’approximativement 800 personnes, c’est assez intimiste. C’était la première et seule année où on a fait 'sold out' en prévente. Le merch a été dévalisé. Deux heures après l’ouverture, il ne restait plus RIEN. Les gens étaient morts de faim. Ils avaient soif de liens sociaux et de lâcher prise. L’ambiance était sans pareil, le public était en feu. Ça nous a laissé un sacré souvenir et même si les restrictions étaient compliquées à gérer on a gardé l’intime conviction qu’on avait bien fait de le faire quand même. »

© Crédit Photo : Corinne Couette / Black Bass Festival

Que d’émotions ! Si on se doutait qu’organiser un festival n’était pas si facile, je pense que grâce à Thibault on a pris conscience de l’ampleur de l’énergie que tout cela demande. On le remercie d’être encore là après tous ces moments de sueurs froides.

« Si je devais résumer le Black Bass en trois mots ce serait : Authentique, Aventureux, Convivial, et quand même un peu débile à la marge (Rires). On est un festival sérieux, qui ne se prend pas au sérieux. »

Et c’est ce qui fait tout le charme du festival !


Pour notre part, c’était notre première fois au Black Bass, et à peine était-il fini qu’on se disait déjà qu’on y retournerait l’année prochaine (bon, en fait, on se l’est dit dès notre arrivée !), alors notre curiosité a parlé pour nous, en demandant à Thibault de nous révéler ce qui allait nous attendre pour le prochain Black Bass Festival.

« On bosse déjà activement sur la 10e édition, puisqu’on fête nos dix ans l’année prochaine. C’est la première fois qu’on travaille sur une édition alors que la précédente est encore en cours mais on a tous énormément d’idées et si on arrive à faire ne serait-ce qu’un dixième de ce qu’on a envie de faire, la prochaine édition supplantera toutes les précédentes, mais je n’en dis pas plus ! »

Thibault est secret, mais on lui fait pleinement confiance. On a hâte de le retrouver lui, toute l’équipe et leurs idées aussi incroyables que farfelues l’année prochaine, et la suivante, et celle d’encore après !


 

Alexia Labarere I 14.09.2023

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