A l’occasion du Week-end des Frac le 18 et 19 novembre derniers, le Frac Méca de Bordeaux a mis en avant nombre de ses œuves, notamment, avec l’exposition Parler avec elles, conçue par l’artiste Emilie Parendeau, disponible depuis le 14 octobre et accessible jusqu’au 03 mars 2024 . De plus, des œuvres participatives ont été proposées dans lesquelles le public était invité à participer à un troc d’objets (« Clom Trok ») ou encore à des ateliers autour de la sculpture (« Ca touche par terre ! »).
Une performance impactante
Ainsi, le samedi 18 novembre, au sixième étage, dans une salle blanche, une performance a eu lieu pendant quatre heure dans un calme intriguant. Effectivement, l’artiste Carole Douillard nous a proposé son œuvre « The waiting room », on y voit six hommes patienter dans une salle sans artifices, où seul le jour fait loi. Pendant quatre heure ces hommes sont en mouvement plus ou moins récurrents, naviguent dans la salle, parfois en s’alliant aux autres, parfois en s’isolant avec des échanges verbaux plus ou moins important mais toujours à un volume inaudible pour le public. De ce fait, les spectatrices et spectateurs perçoivent ces artistes allant de poses en poses, de silences en silences, d’heures en heures, selon leurs envies et sans jamais s’adresser verbalement au public.
Carole Douillard, artiste plasticienne et performeuse s’utilise ou fait appel à des artistes afin de questionner le corps et sa présence dans l’espace tout en amenant le public à faire vivre ses interventions minimales. Ainsi, elle explique son oeuvre « The waiting room » par sa réflexion autour de la pratique sociale répandue au Maghreb appelée "hittisme", qui se traduit par "tenir les murs". Il s'agit du comportement où des hommes passent des heures dans la rue, adossés aux murs, sans rien faire. De plus, cette performance permet de questionner la répartition des espaces publiques et privés entre les genres.
L’œuvre pour et par le public
La force de l’œuvre réside dans la participation du public. Effectivement, pendant toute la performance le public est invité à entrer dans la salle, rester le temps qu’il le souhaite et naviguer ou non parmi les six artistes. Pendant ces quatre heures, certaines personnes sont restés pendant plusieurs dizaines de minutes et même une heure pour les plus patients. D’un point de vue extérieur, il reste alors difficile pour de nouveaux arrivants de distinguer les artistes des spectateurs et spectatrices. Il est encore plus intéressant de constater leurs interrogations lorsqu’on sait que l’artiste, Carole Douillard, est elle-même présente dans la salle la majorité du temps.
Ainsi, cette œuvre reste singulière à chaque fois qu’elle est performée au vu de l’implication plus ou moins importante du public. De plus, selon là où elle s’active l’œuvre n’est pas réalisée exactement dans le même style de salle et n’est pas toujours composée des mêmes artistes à chaque fois. Pour la performance effectuée le 18 novembre, deux de ses artistes ( Axel Roy et Régis Guigand) avaient déjà performés à la Ferme du Buisson en 2014, contre quatre nouveaux artistes choisis principalement pour cette performance-ci (Charles & Pierre Pietri, Nuno Bizarro, Fabien de Chavannes). Ainsi, lors de la performance les artistes n’hésitent pas à s’agrouper autour des individus prenant place dans la salle.
Les retours du public
Avant même de prendre conscience que la salle abrite une performance singulière, certains membres du public s’interrogent sur ce qui couvre ce calme. Nous pouvons observer des personnes qui lient le texte de présentation sans oser rentrer dans la salle, témoignant d’une hésitation. Effectivement, certaines personnes ne se sentent pas à l’aise et se demande s’ils vont être regardé ou non, s’ils gênent ou non la performance.
Pour ceux et celles qui ont osées passer le pas de la porte, les retours diffèrent. Une spectatrice sort de cette performance avec une constatation : celle de n'avoir jamais l’habitude d’attendre sans but ou encore sans être sur son téléphone. Ensuite, deux femmes ressortent de la pièce après un assez long moment sans avoir lu le descriptif avant d’y rentrer. Une d’elle témoigne d’un moment relaxant permettant de se vider la tête tant que l’autre personne révèle qu’a l’inverse elle s’est posé un grand nombre de questions. C’est après la lecture du descriptif et du titre de la performance que leurs idées se sont éclaircies. Toutefois, il reste intéressant pour le public, pour les performeurs et pour l’artiste de rentrer dans ce moment étonnant sans connaître la signification qui lui est donnée e d’attendre assez longtemps pour se façonner une signification personnelle, quel qu’elle soit.
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Juliette Régeard I 20.11.2023
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