Le rap bordelais a dévoilé un nouveau cru, et c’est signé WL Crew et Velvet Coliseum. Différents univers et différentes personnalités s’allient pour former l’EP Rouge Bordeaux. Un savant mélange « home made », élaboré par le WL Crew. Ils ont choisi de tout faire eux-mêmes, et les galères quotidiennes ne les arrêtent pas. On a discuté avec Téo, Flam et Yanné du WL Crew.
Pouvez-vous présenter votre crew ?
Tous: Il y a cinq rappeurs, un beatmaker et un backeur. Flam est le beatmaker, ingénieur son, il fait les mix mais pas les masterings. Téo est backeur et fait aussi tout ce qui est communication, clips avec Yanné, visuels, graphisme... Tout ce qui ne s’entend pas. Les cinq rappeurs sont Isaac, Perch, Yanné, Masanari et Jo.
Qu’est-ce qui vous a unis ?
Flam : On était déjà unis avant de faire de la musique, on s’est tous connus avant.On était potes à la base. Téo et moi on se connait depuis la petite section, ça fait 22 ans maintenant. On se connaît tous depuis entre 10 et 20 ans.
Tous : Le nom WL Crew existe depuis 2011, mais tel qu’il est actuellement, le crew existe depuis 2018. A la base, WL Crew c’est deux personnes : Jo, qui rappe, a dit à Flam « viens, on fait un groupe » et il a dit ok.
Ensuite, sans qu’on se le dise, des membres (des potes) s’ajoutaient au groupe. On n’a pas fait de réunions pour décider, ça s’est fait naturellement. On s’entendait bien musicalement et on avait envie de travailler ensemble. A sept on s’est quand même dit qu’on allait fermer les recrutements parce que ça fait déjà beaucoup. Mais on a pile le nombre qu’il faut. On faisait du son dans notre coin, chacun faisait des petits projets un peu en solo, ou des fois des sons avec un autre membre du groupe mais ça s’arrêtait là. Et puis il y a deux ans, on s’est dit bon ok, qu’est-ce qu’on peut faire de sérieux ? Et on a choisi de faire un travail un peu plus approfondi sur notre musique et de faire un truc plus régulier et sérieux, tous ensemble.
Pourquoi WL Crew ?
Tous : On ne le dit pas, c’est notre petit secret. La signification, à la base, c’est quelque chose qu’on a trouvé au collège et on n’est plus à l’aise avec ça. Mais on aimait bien le nom, donc on l’a gardé. Pour l’instant, on ne voit pas qui pourrait vendre la mèche. A part si un jour on devient super connus, que Sept à huit fait un truc sur nous et qu’ils commencent à interroger les grands-mères...
Depuis quand vous rappez (pour les 5 rappeurs) ?
Tous : Entre sept et quinze ans pour tout le monde. Dix ans en moyenne.
Quelles sont vos inspirations ?
Tous : Ça va de Joe Hisaishi à Travis Scott, en passant par Mobb Deep, Bob Marley et Alain Bashung.
Est-ce que vous vous reconnaissez dans l’univers de certains autres artistes ?
Tous : Les rappeurs de base, 50 Cent, Tupac, IAM, Lunatic... On en oublie sûrement mais ce sont des grands noms, rien de très surprenant.
En quoi c’est une force d’être un collectif ?
Tous : C’est bien, parce qu’on peut être très sélectifs sur ce qu’on propose. Comme on a plein d’influences et d’univers différents, quand on tombe tous d’accord alors qu’on a des goûts différents on se dit que c’est pas mal. On est plus ouverts à d’autres choses aussi, vu que chacun va donner ses idées et les autres vont se les approprier, ou pas, à chaque fois selon les morceaux.
Il y a toujours une espèce de partage des idées, des influences, et ça amène chacun des membres à pousser un peu plus loin que ce qu’il allait faire à la base. Et puis, ça apporte aussi la formule complète en termes de création musicale. On n’a pas besoin d’une intervention extérieure quelconque pour créer. On fait tout maison. On est vraiment indépendants pour ça. La force aussi c’est sur scène, ça prend tout son sens, on occupe l’espace et c’est dynamique.
Vous avez fait quelles salles de concert ?
Tous : A peu près toutes les salles à Bordeaux. Le Krakatoa, la Rock School , le Rocher de Palmer, l’Iboat...
Vous faites quoi à part la musique ? Vous avez des jobs à côté ?
Tous : Certains sont à 100% dedans et d’autres travaillent à côté dans des boulots alimentaires, mais on articule toute notre vie, professionnelle jusqu’à personnelle, autour de la musique. Par exemple, quand on cherche un job, on fait en sorte d’en trouver un qui ne va pas nous occuper le week-end et le soir pour les concerts, les répétitions, les sessions studio...
Vous faites tout maison, c’est quoi les avantages et les inconvénients ? Pourquoi ce choix ?
Yanné : Ce n’est pas vraiment un choix. Ça s’est fait parce qu’il y avait des compétences et des envies chez les membres du groupe. Mais je pense qu’on peut toujours s’approcher de gens extérieurs qui ont des compétences plus développées que les nôtres, et que ça ne pourrait apporter que du positif. On n’est pas du tout fermés par rapport à ça.
Tous : On ne dépend que de nous, et ça c’est confortable. On n’a pas à se poser certaines questions comme par exemple, pour un clip, quel réalisateur sera dans notre budget, lequel pourra bien retranscrire notre univers, etc. On est sûrs que tout est à 100% dans notre univers, on a l’œil et la main dans tout. Notre musique est forcément représentative de nous et de nos envies. Par contre, pour développer un univers, au bout d’un moment on est limités. On est bloqués par des contraintes techniques et financières. Alors les idées qu’on peut avoir ne sont pas forcément réalisables.
Quelle est l’histoire de votre dernier EP ? Comment est né le projet ?
Tous : Avec notre label, Velvet Coliseum. On les a rencontrés plusieurs fois au cours des dernières années. A l’issue d’une conversation qu’on a eue avec eux, on s’est dit que ça pouvait être intéressant de sortir un vrai projet à plusieurs avec les 5 rappeurs etc. Cet EP, c’est une volonté d’affirmer ce que l'on est, la formule qu’on a choisie, et en même temps de marquer le coup avec notre label.
Comment s’est passée la réalisation de cet EP ?
Tous : On a directement choisi de trouver un nom et une direction artistique, avant même de commencer l’EP. On s’est posés et on a fait un brainstorming. On a choisi une direction, une couleur musicale. Le « Rouge Bordeaux » est venu très naturellement avec le petit clin d’œil à la ville, et plein de thèmes en ont découlé. Après, Flam a commencé à produire. Il a fait une quinzaine de prods, on en a fait peut-être sept ou huit morceaux et on n’en a gardé que cinq.
C’est quoi la suite ?
Tous : On travaille toujours sur de nouveaux morceaux, on ne sait pas encore concrètement dans quoi on s’embarque. On est encore en discussion mais on a des idées, des directions…
Merci à Téo, Flam et Yanné !
Nolwenn Tournoux I 18.06.2020
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