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Rencontre avec Yen Yen

Dernière mise à jour : 9 mars 2021

Yen Yen (Cracki Records), artiste à l’univers musical « nostalgique et futuriste », sort son premier EP le 30 avril. Il nous en dit un peu plus sur sa nouvelle identité musicale, ses différents projets et son EP à venir.

© Marguerite Bornhauser
Au début on faisait tous nos enregistrements chez nous, on éditait nos propres CD, qu’on mettait dans des enveloppes sur lesquels on avait designé le graphisme et on les distribuait à nos concerts

Pourquoi avoir choisi ce nom ?


Avant, j’avais un groupe qui s’appelait Caandides. À la fin de ce projet, j’ai erré quelques temps en cherchant un nouveau projet à créer et il fallait un nom. À ce moment-là, j’étais en train de lire l’autobiographie d’un hors-la-loi américain qui racontait sa vie de braqueur de banque. À un moment, il raconte qu’il devient opiomane dans les fumeries d’opium, qui se situent souvent dans les arrières-boutiques des buanderies. Yen, en chinois, ça veut dire opium. « Yen yen », c’est ce que répètent les addictes en manque. Du coup, on les a appelés les « yen yen ». Je lisais ça, je cherchais un nom et je trouvais ça assez intéressant qu’un mot découle juste de l’expression du désir, d’un manque de toxicomane aux États Unis.


Peux-tu nous parler de ton parcours musical ?


J’ai commencé à faire de la musique à environ 15 ans. J’ai pris une guitare, je me suis mis à écrire des chansons tout de suite et j’ai appris à jouer en écrivant mes propres chansons. J’ai créé plein de groupes différents : Thirteen Dead Cats – un groupe de garage, The Temps qui était un projet de folk, puis Gato Amarillo. Après, j’ai créé Caandides, je devais avoir 18 ans. À partir de là, on a fait presque 10 ans de carrière avec Caandides. Au début, on faisait tous nos enregistrements chez nous, on éditait nos propres CD qu’on mettait dans des enveloppes sur lesquelles on avait désigné le graphisme et on les distribuait à nos concerts. Ça a duré pas mal de temps, jusqu’à ce qu’on rencontre les cracki (cracki records) et qu’ils sortent notre premier album.


Je me suis mis à enregistrer sur un ordinateur en utilisant des pistes et des instruments virtuels, synthétiques. Je voulais me retrouver tout seul, sans musiciens.

Pourquoi avoir créé autant de groupes ?


Souvent, c’était dicté par mon impatience. Mes collègues musiciens, à 16 ans, n’étaient pas toujours disponibles quand je les convoquais pour répéter parce qu’à 16 ans ils avaient d’autres choses à expérimenter. Il fallait gérer les emplois du temps de tout le monde et pour moi à ce moment-là, il fallait que ça aille très vite. À la base, j’ai créé Caandides parce que j’en avais marre de devoir m’organiser pour administrer un groupe. Je me suis mis à enregistrer sur un ordinateur en utilisant des pistes et des instruments virtuels, synthétiques. Je voulais me retrouver tout seul, sans musiciens. Et puis après, quand il a fallu porter les chansons sur scène, j’ai repris les mêmes musiciens qu’avant. Caandides nous a rassemblés de nouveau avec une ferveur renouvelée, et on était tous unis par la même volonté d’emmener ce projet le plus loin possible.


Quelle est la différence entre Théo de Caandides et Yen Yen ?


À la fin de Caandides, je suis parti dans une orientation musicale très expérimentale, pour ne pas dire très sombre. J’avais abandonné mes premières amours musicales, qui étaient plutôt pop, pour aller vers des choses plus radicales. Yen Yen a été pour moi un retour vers une écriture et une écoute de la pop.


© Pablo Valero
Quand je travaille, j’aime bien que les choses soient spontanées. Donc si ça ne l’est pas, je mets de côté et j’attends que l’idée vienne un peu toute seule

Comment procèdes-tu pour créer une musique ?


Il y a plusieurs chemins possibles. Des fois c’est juste une phrase écrite, et je me mets à composer la musique autour de ce thème. Des fois c’est l’inverse, je compose une musique et je n’ai pas forcément instantanément associé une idée de paroles ou de chant. Quand je travaille, j’aime bien que les choses soient spontanées. Donc si ça ne l’est pas, je mets de côté et j’attends que l’idée vienne un peu toute seule. Le premier fil qu’il faut tirer pour, après, faire naître le morceau en entier.


Cette phrase, ou cette mélodie, peut venir à n’importe quel moment dans ta tête ?


Vraiment, oui. Parfois c’est en plein milieu d’une balade, ou du travail, ou même de la nuit. C’est souvent plus facile si c’est un texte parce que si c’est une mélodie, c’est un peu chiant (rires). On ne peut pas toujours coucher un son sur papier. Par contre, un texte, oui. Je prends beaucoup de notes et souvent après je les étale, et puis j’essaie de voir ce que je peux fabriquer à partir de ces morceaux, un peu comme une créature de Frankenstein.

© Valentine Vehrague
Mais je reste très attaché à la langue anglaise dans la composition, les paroles me viennent quand même d’abord en anglais.

Pourquoi chantes-tu dans deux langues, en anglais et en français ?


À la base, j’ai fait le choix de chanter en anglais parce que ma culture musicale était exclusivement anglo-saxonne à part Gainsbourg. Je ne me projetais pas du tout musicalement dans la langue française. Avec Caandides, on n’a jamais fait un seul morceau en français. Plus récemment, je me suis mis à écouter beaucoup plus d’artistes français et notamment des artistes contemporains. Un jour, spontanément, j’avais fait une instru avec François Club pour le morceau Flashback, et le texte m’est venu en français. Mais je reste très attaché à la langue anglaise dans la composition, les paroles me viennent quand même d’abord en anglais.


Tu sors ton premier EP, Goodbye, le 31 mars. Quelle est l’histoire de cet EP ?


C’est l’histoire d’une rupture au sens large, avec une période de ma vie qui était celle aussi de Caandides. C’est tout à fait lié à la rupture de ton et à l’esthétique, je pense que le projet Caandides est arrivé en bout de course assez naturellement. Il a fallu que je me réinvente et ça a pris du temps, je suis pour essayer de nourrir une nouvelle esthétique, de trouver des idées... En fait, Yen Yen a été pour moi la création d’une nouvelle identité totale. Goodbye c’est aussi pour dire au revoir à mon identité précédente. Je pense que j’avais besoin de faire en quelque sorte le deuil d’un moi passé pour pouvoir m’affirmer dans quelque chose de différent.


J’écoute énormément de choses et c’est parfois difficile de différer tout ce qu’on aime. Il faut faire un travail de synthèse et faire des choix, alors que parfois on a envie d’évoquer plusieurs univers musicaux. Personnellement, j’essaie de créer une esthétique unique

Donc le prochain EP sera peut-être une renaissance ?


Oui, ça s’appellerait peut-être Hello (rires).


Où se situe ta musique sur la palette de genres ?


J’écoute énormément de choses et c’est parfois difficile de différer tout ce qu’on aime. Il faut faire un travail de synthèse et faire des choix, alors que parfois on a envie d’évoquer plusieurs univers musicaux. Personnellement, j’essaie de créer une esthétique unique. En ce moment, je suis en train de travailler sur un morceau qui sera un peu inspiré par la UK jungle. Donc si ce morceau aboutit et que je chante, je ne sais pas comment je le définirais. Je pense que c’est de la musique et de la chanson électronique. De la musique servie par des instruments de synthèse.


Si tu devais décrire ton univers en 3 mots, ce serait…


Je dirais nostalgique, futuriste et romantique.


C’est quoi la suite pour toi ?


L’écriture de nouvelles chansons. Comme j’ai dit au revoir avec ce premier EP, j’ai largué les amarres et je peux m’avancer dans plein de directions possibles donc je suis assez enthousiasmé par cet horizon-là. Ce que j’ai envie de faire maintenant c’est trouver, préciser les contours de ce que j’ai envie d’incarner dans ce projet.


 

Nolwenn Tournoux I 17.02.2021

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