5 ans après la sortie du légendaire AM, le groupe anglais de Sheffield revient avec Tranquility Base Hotel + Casino. Un album que nous avons eu la chance d'avoir deux jours avant sa sortie initiale en France. Du coup, on a décidé d'en faire une critique franche et sans scrupule.
Il est sans doute l'album le plus attendu de l'année tant la pause du groupe anglais aura été longue. Alex Turner nous aura fait saliver avec Miles Kane et leur groupe d'indie Pop: The Last Shadow Puppets. Du coup, un opus paru durant ce break : Everything You've Come to Expect en 2016.
Vous allez me dire, mais pourquoi il nous parle de ce groupe? Tout simplement car Tranquility Base Hotel + Casino sonne très Everything You've Come to Expect. Ecoutez Dracula Teeth ou The Dream Synopsis et jugez par vous même.
Sorti après le séduisant The Age of the Understatement ( 2008), le dernier album de TLSP avait déçu pas mal de fans. En même temps, complexe de détrôner cette pépite aux fantasmes Sixties et à la sonorité très UK ! Personnellement, quand j'écoutais cet album, j'avais l'impression de me balader dans les rues de Liverpool avec des Clarks aux pieds.
Fermons la parenthèse et passons aux choses sérieuses. En gros, Alex Turner (leader des AM) a énormement évolué musicalement parlant (mais aussi physiquement).
Terminé le teenage rock énergétique qui permettait parfaitement d'illustrer les émissions latrines françaises sur NRJ12 (vous l'avez ?). Place aux balades matures !
Alex Turner est archi présent sur cet album. Là où sa voix accompagnait l'orchestre sur les derniers albums du groupe, le leader des AM en devient le chef faisant presque de l'ombre à Richard Strauss. Du coup, la balade se transforme parfois en solo tant la présence du chanteur est parfois étouffante. On se posera la question :" Est-ce un album de Turner ou bien un album des Arctic Monkeys" ?
L'ambiance de l'oeuvre est très agréable cependant. Ce n'est pas un léger tournant que prend ici le groupe mais plus un détour dans les années 70 avec des sonorités glam à la David Bowie. Les morceaux sont extrêmements élégants, sombres et surprenants.
Un voyage paisible, une promenade tranquille dans un hôtel-casino luxueux face à l'Hammersmith Odeon en 1973, du marbre froid au sol et des lustres en or aux plafonds.
Le piano est très présent dans cet album faisant taire les riffs énergétiques et audacieuces des guitares sur les derniers albums du groupe : surtout Whatever People Say I Am, That's What I'm Not et Favourite Worst Nightmare. L'ouvrage en devient presque romantique. Un conseil, mettez Star Treatment à votre prochain RDV Tinder, ça marchera à tous les coups ! Les pistes mettent en avant un son très " jazz" et très sombre avec de lègéres influences aux glorieuses années Kubrick. Une virée auditive à la 2001 : A Space Odyssey (1968) avec des sonorités très cosmiques et science fiction. Les premiers riffs de Golden Trunks donnant un côté très claustrophobique à la limite de l'horrifique rappelant l'ambiance de Barry Lyndon ou Clockwork Orange. Si Ryan O'Neal n'était pas mort, il aurait fait un parfait acteur dans un des futurs clips du groupe.
Au fur et à mesure de l'avancée des morceaux, l'écoute se transforme en séjour à bord d'une croisière luxuriante au milieu des eaux étincelantes de la Manche avec l'excellent Batphone.
On terminera notre vadrouille après cette étonnante traversée avec Tranquility Base Hotel + Casino, chanson portant le nom de l'album : "Good afternoon, Tranquility Base Hotel and Casino, Mark speaking". Un réveil tardif et doux.
Avec cet album, les protégés de Sheffield y vont au culot. La bande à Alex Turner change totalement leur patte. Style qui les avait fait connaître il y a maintenant 10 ans. Le groupe abandonne totalement son garage contre la plénitude et la sagesse d'un Hôtel Casino. Un changement marquant la maturité du leader : Alex Turner. Opus hors norme et complexe, celui-ci divisera sans doute les plus grands fans. A l'époque où Humbug ou Suck It and See donnaient l'envie de pogoter au milieu de la foule, à l'inverse, Tranquility Base Hotel + Casino donne l'envie de fumer un cigare avec un bon Laphroaig dans son canapé en cuire. Un choix aux antipodes et un risque.
Les gars de Sheffield ne sont plus les gamins qui balançaient un son insolent et divertissant nous rappelant les soirées festives Rock avec une Carling dans la main ( je sais, c'est cliché). " La fête est finie" comme le dit si bien Orelsan. Place aux balades du dimanche matin avec une canette de Dandelion and Burdock ( oui, je suis nostalgique des premiers albums).
Un conseil, écoutez le plusieurs fois avant de vous en faire un jugement.
Nicolas Jolfre I 14/05/18
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