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Un court métrage bordelais au Nikon Film Festival

Dernière mise à jour : 26 févr. 2021

Le Nikon Film Festival est un festival de courts métrages qui invite les participants à réaliser un film de 2 minutes 20 seulement.

2 minutes 20 c’est court, peut-être, mais vous ne vous imaginez même pas tout ce qu’on peut prendre le temps de dire. C’est le challenge que Manon et son équipe ont décidé de relever en participant à l’édition 2021 ! Étudiante à Science Po Bordeaux, jeune cinéphile transportée par l’écriture scénaristique, elle nous livre un court métrage actuel, “Bien rentrée”, marqué par des choix esthétiques forts.

Rencontre avec cette femme passionnée et passionnante…

Salut Manon ! Tout d’abord, on voulait savoir le contexte de réalisation de ce court-métrage ? Est-ce que c’est un projet réalisé entre potes ? As-tu fait un casting ?


Manon : Alors, j’ai 22 ans, je suis étudiante à Science Po Bordeaux et je fais partie de l’association de cinéma “Les Petits Courts”. Du coup, avec mes potes de l’asso, on avait déjà fait des projets de courts métrages, on a commencé petit à petit, en participant au festival des Petits Courts, au Cinéma Jean Eustache. L’été dernier, j’étais en stage dans une association (La maison du film, à Paris) et j’ai été initiée à l’écriture de scénario, cela m’a permis de progresser dans ce domaine. C’est vraiment ça qui me plait, ce rôle d’auteure réalisatrice. Après, je n’ai pas fait de casting, Hugo, qui est mon chef opérateur et qui a fait tout le montage du court métrage est un ami de Science Po, Jade (qui interprète le rôle principal), je l’avais croisé sur un autre projet...bref, tout le monde connaissait quelqu’un qui connaissait quelqu’un et ça s’est fait comme ça !


Comment on finance un court métrage aujourd'hui ?


Manon : Tristement, c’est vrai que ça demande de l’argent, pour des choses pas forcément évidentes. Par exemple, pour ce qui est du matériel, je travaillais avec Crashtest Productions qui nous prêtait du matos. Après, on a fait une campagne Ulule pour les transports et la restauration des équipes. Il a fallu tout de même rembourser les jours de congé pour ceux qui en posaient pour venir sur le tournage etc...Mais oui, il y a des frais !

© Jeanne Degois

Pourquoi as tu voulu écrire sur ce sujet (le harcèlement de rue) ? Tu le constates toi en tant que femme ?


Manon : Au début, la thématique du “jeu” imposée par le Nikon Film Festival a été assez compliquée. Puis, à Paris, je me suis faite harcelée deux fois de suite en 24 heures. La première fois, j’ai vraiment assisté à une gradation de la violence dans les remarques. La deuxième fois, ils rigolaient. Et c’est là où ça m’a frappé ; ce n’était qu’un jeu pour eux, ils en riaient, ça leur refaisait leur soirée, alors que pour moi je passais un moment tout sauf agréable. Ça a été comme une évidence pour moi d’en parler. Donc, dans le court métrage, j’avais envie de lier un jeu banal le “pour combien” et d’intégrer l’escalade de la violence, qui surgit en une fraction de seconde.

Par contre, ce n’est pas un film concept, on ne le faisait pas à tout prix pour parler du harcèlement de rue, c’était avant tout une envie irrépressible de faire du cinéma ; Arthur par exemple, voulait refaire de la fiction et moi j’avais envie d’écrire et de créer. Après, lorsque j’ai eu l’idée de ce sujet, c’était impossible pour moi d’enlever cette idée de la tête. Quand on parle de harcèlement de rue autour de soi, on se rend compte que tout le monde a une histoire à raconter à propos de ça, c’est assez fou.

Tout le monde a quelque chose à raconter, ça délie les langues, les combats existent déjà, c’est fou comment cette génération commence la lutte

Tu penses que c’est le fait de mener un projet autour de ça ou du fait qu’on se rend compte aujourd'hui des situations similaires à la tienne, tout le monde en vit, quotidiennement ?


Manon : Je pense que c’est les deux. Quand je parle de mon projet, ça amène le sujet sur la table, c’est sûr. Tout le monde a quelque chose à raconter, ça délie les langues, les combats existent déjà, c’est fou comment cette génération commence la lutte. Mais avant que j’ai l’idée de bosser sur ce projet, on en entendait déjà parler. Quand tu partais d’une soirée, on entendait toujours « tu rentres comment ? » - « en métro » - “ah, fais attention !”, que tu sois un homme ou une femme. Ça suggère un « bien rentré·e », à l’image de ce qu’il se passe dans le court métrage.

© Jeanne Degois

Dans ton court métrage, tu alternes entre vidéo et photos en utilisant le montage comme outil. Quelle était ta vision et ton envie par rapport à ce choix esthétique ?


Ce choix esthétique était présent dès le scénario. J’avais envie que l’on se concentre sur le personnage principal (de Jade), qu’on voit la scène à travers ses yeux. Surtout, je voulais m’intéresser aux réactions, aux détails (un rire, un sifflement) de ces mecs, plutôt qu’à ce qu’ils sont, leurs personnalités. Et puis, ça collait bien au niveau du rythme du montage avec notre contrainte de 2 minutes 20 du Nikon Film Festival.


Feather : Est-ce que c’est la première fois que tu participes à un court métrage ?


Oui, c’est la première fois que je participe à un festival et au Nikon. La particularité du Nikon Film Festival, c’est qu’il y a deux catégories : la partie compétition où les 50 films sélectionnés par le comité sont envoyés au jury qui tranche ; la partie vote du public où on peut voter pour les films que l’on a aimé, simplement en se créant un compte. Pour que le court métrage ait un rayonnement, j’invite tout le monde à aller le voir, pour qu’aussi, on parle de plus en plus du harcèlement de rue.

© Jeanne Degois

Merci à Manon pour cet échange plus qu’intéressant ! Secteur mis entre parenthèses depuis plusieurs mois, le cinéma n’attend que vous pour vivre (un peu). Rendez-vous alors sur le site du Nikon Film Festival pour découvrir la sélection et voir (ou revoir) le court métrage de Manon Montrouge, Bien rentrée !



Infos Pratiques :

Ouverture des votes du public du 24 février au 11 avril, en ligne

 

Eva Pons I 23.02.2021

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